Hello Emmanuelle (partie 3)

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IMG_3182Le matin, j’attendais avec impatience que Lucas s’en aille. Au bruit du claquement de porte, je me ruais sur le téléphone. Fébrile, je composais le numéro de Noémie. J’espérais l’avoir au bout du fil. Ce fut le cas. Elle ne pouvait pas parler. Elle me donna rendez-vous dans un café proche de chez moi dans la soirée. C’était parfait. Je fis ma toilette, enfilais un jean et un débardeur. Je secouais ma tête pour que mes cheveux se mettent en place. Ce fut une réussite. La coupe de Noémie était parfaite. J’enfilais mes tongs. Il faisait trop chaud pour mettre des bas ou des chaussettes. Je descendis au parking pour prendre ma voiture. Elle était petite et facile à garer. Je voulais trouver un magasin où je pourrais acheter une robe similaire à celles que portait Emmanuelle ainsi qu’un collier de perles qui ressemblerait au sien. J’étais en train de m’identifier à elle. J’arrivais à hauteur de la rue de Sèvres où il y avait des magasins branchés. Je ne trouvais pas mon bonheur. Bredouille, je revins dans mon quartier. Je garais ma voiture non loin des boutiques de mode de la rue de Passy. Je finis par trouver ce que je cherchais. J’essayais plusieurs robes. Je la voulais sexy et qu’elle mette mon corps en valeur comme celles du film. La robe que je finis par choisir après beaucoup d’hésitations était blanc cassé avec des pois rouges. Le décolleté était plongeant. J’avais plus de poitrine qu’Emmanuelle et un autre genre de gabarit et de style. Pourtant, ce n’était pas difficile de m’identifier à elle. Elle me servait de modèle pour avancer sur les traces de « l’autre moi, » la friponne sexy que je ne connaissais pas encore. Le tissu de la robe ressemblait à de la soie et laissait deviner mes courbes. Elle était courte, au dessus des genoux. La vendeuse était mignonne, jeune et brune avec des cheveux courts et bouclés. Elle m’avait aidée pour le choix de la robe. Elle me suggérait d’acheter un soutien-gorge qui mettrait plus en valeur la naissance de mes seins. Il devenait nécessaire que je m’équipe en lingerie fine et coquette. Cette petite vendeuse était de bon conseil. Je tâtais discrètement les liasses de billets dans mon sac à main, subtilisées à mon mari, après ses parties de poker et de que sais-je ? Cela m’évitait de dilapider l’argent de mon compte avec ma carte bleue. Je souris car visiblement, j’étais moins cruche que je ne le pensais. Il me fallait aussi une paire de bottines comme Emmanuelle et un nouveau rouge à lèvre rouge vif ainsi qu’un crayon pour dessiner le contour de ma bouche. Il était déjà 16 h 30. J’allais tenter de terminer mes achats avant de voir Noémie. Je me trouvais à 10 minutes du rendez-vous, à pied de chez moi. Je parvins à tout trouver, mes bottines, le rouge à lèvres et surtout l’emblématique collier de perles. Je me sentais heureuse et en phase avec l’inconnue que je mettais en vie. Finie l’existence de zombie, de morte-vivante. Des hommes me regardaient bien que je ne fus pas dans une tenue avantageuse. Je devais dégager des énergies de bombe sexuelle refoulée prête à exploser avec l’un d’eux. Où était passée l’épouse résignée et sage de M. Ditchinsky ? Il ne me manquait plus que le célèbre fauteuil en osier d’Emmanuelle.

LE PREMIER ACTE À ACCOMPLIR

Je rentrais chez moi cacher mon butin. Il ne fallait pas que Lucas tombe sur mes achats. Il était impératif qu’il continue à me voir comme avant. J’avalais un verre d’eau d’un trait, tant j’avais soif à cause de mon excitation. J’allais transgresser des interdits. Le sexe et moi c’était compliqué si je laissais mon côté « frigo » prendre les rênes. Je sentais mon corps en effervescence, mon cœur battait vite, j’avais un peu peur de mes nouvelles audaces. En tout cas, aujourd’hui, je n’avais rien d’un zombie. Je planquais aussi les liasses de billets qui me restaient. Palper cet argent me procurait un plaisir intense. J’aimais l’argent. Il me plaisait de me sentir comme une « pute » et cela m’excitait de pouvoir agir en tant que telle. Je fonçais au café où je retrouvais Noémie. Elle sirotait un jus de fruit, toute vêtue de vert pomme et rose. Elle se mettait rarement en jupe et ne se fardait quasiment pas. Elle avait un style personnel et possédait du sex-appeal. Elle aimait le sexe et les hommes. Elle appréciait les avancées du féminisme sur le plan pratique à cause de l’avortement et de la pilule mais elle prônait la sexualité au plus près de la féminité. Là où l’on se permet rarement d’aller. J’en représentais l’exemple parfait. J’étais en train de prendre en compte ses théories.  Elle me détailla avec une moue de réprobation. Ma tenue de ce matin ne semblait guère l’emballer. J’avais transpiré et j’avoue que je n’avais pas fait un gros effort vestimentaire. On a ri et nous sommes passées à des choses plus sérieuses. Je commandais un verre de rosé pour être prête à écouter les actes que je devrais accomplir.  Devant l’air solennel de Noémie, je pouffais de rire. Mes nerfs lâchaient dans le fou rire. Je lui racontais ma journée et mes achats d’une voix saccadée et nerveuse. Elle souriait, visiblement contente, je l’amusais. D’un ton qui se voulait grave, elle me lança :

« Tu es prête à accomplir un premier acte sans te rétracter ? Elle ajouta doucement mon prénom : Robin. »

J’étais Américaine par mon père et je m’appelais de mon nom de jeune fille Robin Fellow’s. Ma mère était russe, assez représentative des personnages de romans slaves, de grands amoureux, torturés, et souvent portés sur la boisson. L’amour fut sans doute sa faille. Il existe un mystère concernant ma mère qui fait partie des secrets de famille et qui a empoisonné ma vie. Noémie me demanda si je l’écoutais vraiment. Je lui répondis que je pensais à ma famille.

« Tu veux porter ta croix toute ta vie ou bien profiter du temps qu’il te reste pour t’éclater ? ».

Je la regardais, elle semblait sérieuse. Elle me bousculait dans la lenteur de mes vieilles habitudes. J’avais un héritage difficile à gérer qui me venait du coté slave et compliqué de ma mère. Je lui répondis avec un zeste d’inquiétude :

« Vas-y Noémie, dis-moi ce que je dois accomplir comme premier acte.

─ Tu vas coucher avec un homme que tu ne connais pas.

─ Quoi, lui répondis-je affolée, tu plaisantes ?

─ Non, ma chérie, pas du tout. »

Je me mis à tousser nerveusement jusqu’à en avoir les larmes aux yeux.

─ « Tu es sérieuse ? lui dis-je dans un souffle.

─  Tout à fait » me répondit calmement Noémie.

Elle ajouta avec douceur « Si tu le veux, bien sûr. »

Nous étions dans un café Place de la Muette. Il y avait du monde sur la terrasse. Ce début de printemps était exceptionnel. Je me sentais bizarre mais j’étais prête à faire ce qu’elle me suggérait. Je souhaitais seulement plus de détails concrets tant la proposition me paraissait absurde. Où, quand et avec qui ? Noémie  me parla d’un hôtel, le Sofitel de la rue Saint-Honoré pour mon premier acte libératoire. On déjeunerait toute les deux au snack de l’hôtel, puis je partirais rejoindre l’inconnu dans sa chambre. Elle connaissait l’homme en question. Sans doute avait-il été son amant. J’osais lui demander :

« Comment je vais faire pour m’envoyer en l’air avec un homme « à froid », sans l’avoir vu ni lui avoir parlé avant ? »

Noémie répliqua avec humour :

─ « Voyons Robin, le temps que tu trouves un mec et en plus qui parvienne à t’arracher à ta précieuse petite vie aseptisée, quasi sans sexe et à te chauffer jusqu’à ce que tu craques, tu seras déjà vieille. Allons, ma petite chérie, tu n’es plus de la première jeunesse, il faut prendre le taureau par les cornes et ne pas réfléchir. »

Elle avait raison. Je souris en touchant mon pendentif de chez Dinh Van et finis mon verre de rosé cul sec. Noémie rit devant ma moue perplexe et inquiète, tout en sirotant sa boisson rose bonbon avec une paille, l’œil pétillant. Toutes ces mises au point semblaient l’enchanter. Un homme à la table à coté nous observait. Noémie lui décocha un rapide coup d’œil de connaisseuse. Il était jeune et joli garçon. Elle lui sourit. On régla l’addition. Elle m’appellerait demain afin de mettre au point le jour et l’heure de mon premier acte.

COGITATION  ET PRÉPARATION A L’ACTE POUR ROBIN

Rentrée chez moi, je courais vérifier mes nouvelles affaires. J’avais méticuleusement mélangé ma robe Emmanuelle au milieu d’autres vêtements dans ma penderie. Mes bottines et mon collier étaient cachés dans une vieille boite à chaussures. Je prenais une douche. Je me sentais sensuelle et d’humeur à faire l’amour. L’eau tiède glissait sur ma peau et me faisait du bien. Je pensais à Noémie, à mon éveil sexuel tardif. J’avais envie de sourire, d’être féminine et sexy. Avant d’avoir vu le film Emmanuelle, je ne réagissais pas ainsi. J’écoutais les frasques de Noémie sans penser qu’elles pourraient avoir une interférence sur ma propre vie sexuelle. Je me regardais nue dans le miroir de la salle de bain. D’ordinaire, je ne m’examinais jamais dans ma tenue d’Eve. Quelque chose changeait en moi. Ma vie terne, sans amour réel me pesait. Au fond de moi, je me disais que le sexe entre deux personnes ne pouvait pas n’être que ce que je connaissais. J’étais persuadée qu’il y avait autre chose. Le lendemain, j’avais mon rendez-vous pour rejoindre l’inconnu du Sofitel. Cela me convenait comme lieu. Un cinq étoiles, rien que ça. L’argent m’attirait, le côté « pute » des femmes aussi. Il était temps de rencontrer cette facette de moi. Lucas arrivait. Il faisait toujours grise mine quand il rentrait comme si la journée avait été harassante. C’était une façon de s’assurer que l’on ne discuterait pas. Le fait est qu’on n’avait surtout rien à se dire. Il enfila ses pantoufles. Je m’étais fringuée avec un vieux short et un débardeur de la même année. Je ne voulais surtout pas que Lucas voie un changement chez moi. J’étais sa bobonne tristounette, sans vie. C’était parfait. J’essayais de ne pas trop penser au Sofitel et à Noémie. C’était difficile, je ne pensais qu’à ça en avalant gloutonnement ma part de côte de bœuf saignante cuite au four par Lucas. On avait des frites en accompagnement. C’était un délice. Cette nourriture excitait mes sens et ma sensualité. Mon mari me regarda surpris et me dit :

« On dirait que tu n’as pas mangé depuis plusieurs jours. »

Je répondis mollement, contrairement à la cadence de ma mastication :

« Je suis désolée de manger aussi salement, c’est vrai que j’avais très faim. »

Fin du dialogue, mon mari continua à regarder la TV. Je ne l’entendais même pas tant j’étais occupée à ronger l’os de la côte de bœuf. C’était ma spécialité, même au restaurant. Ce que j’ignorais, c’était qu’une femme pouvait ronger gloutonnement autre chose qu’un os de côte de bœuf. Je n’en étais pas encore là.

Hello Emmanuelle (partie 2)

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IMG_3154Le  prochain  épisode  de « Hello Emmanuelle »  se profile  à  l’’horizon.

Où en est la sexualité des femmes depuis les années 1970 ? A l’’époque, il y avait seulement « La Mère et La Putain ». Donc, les mères et les femmes qui ne sont pas mères vont entreprendre un voyage dans la zone encore inconnue du continent noir.

Bon voyage au cœur d’’une pérégrination d’’une femme à la recherche d’’elle-même qui découvre qu’elle a des désirs cachés et inavoués.

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Hello Emmanuelle (partie 2)

─ « C’est quoi passer à l’acte ?

─ C’est vivre » me répondit Noémie.

Je lui demandais ce que je pouvais faire pour échapper à ma « non vie et vivre. » Elle savait que j’allais voir le film Emmanuelle et me répondit :
« Quand tu auras vu le film, appelles moi. On prendra un café et je te guiderais, pas à pas, pour que tu sortes enfin de ta misère sexuelle. Soit tu en es capable, soit tu continueras à vivre en refoulant tes instincts et tes pulsions.»
Elle coupa mes cheveux mi- longs pour qu’ils puissent se remettre en place facilement.  Puis, elle me coiffa divinement en me faisant un look mi sophistiqué, mi sauvage. Cela me changeait et me donnait un genre plus émancipé, comme Jane Fonda dans un de ses films. Je me maquillais avec soin. Lucas rentra. Il eut un regard surpris. Je devais dégager quelque chose d’inhabituel. Ma coupe ravageuse mettait en valeur mon visage et mes lèvres recouvertes d’un beau rouge vif. J’avais dessiné les contours de ma bouche avec un crayon à lèvres. Je le faisais rarement. Noémie m’avait aidée. Lucas tenta même de m’embrasser ce qui n’était pas dans ses habitudes.
« Non pas maintenant, je suis maquillée » lui dis-je en le repoussant en douceur. Je n’avais pas envie qu’il me touche. Il ne se préoccupait jamais de savoir si je souhaitais qu’on fasse l’amour. Son désir était roi, il semblait normal que je me soumette. Ce soir, je ne m’étais pas gênée pour ne pas céder à ses avances. J’étais moi, et il y avait cet autre─  ma jumelle ─ qui ostensiblement m’attirait vers un ailleurs. Le sexe, ma sexualité faisaient partie du parcours. Cela me faisait un peu peur mais j’aimais les risques. Mon mari vivait avec « deux femmes » sans le savoir. Il me trompait sans état d’âme et voyageait beaucoup. Il préservait ainsi son couple et baisait ailleurs en toute quiétude. Il avait une double vie. Ce n’était pas un mystère.  Je m’apprêtais à faire de même. Je serais insoupçonnable. Lucas ne connaîtrait jamais mon « autre moi », la sensuelle, légèrement perverse et sulfureuse. Je la pressentais. Noémie m’aiderait à soulever le voile de l’interdit. Je souhaitais m’ouvrir au monde de la chair et sortir du virtuel. Je désirais ardemment aborder et découvrir une autre sexualité que celle que je connaissais.

L’ARRIVEE DEVANT LE CINÉMA POUR LA GRANDE PREMIÈRE D’EMMANUELLE
Il y avait un embouteillage monstre sur les Champs Elysées. Mes parents étaient venus nous chercher en taxi pour cette occasion. Le chauffeur savait comment atteindre le cinéma en évitant le flot massif des voitures. Il faisait très beau. L’air était doux bien qu’il fût déjà 20 h 30. La séance devait commencer à 21 h en présence de la nouvelle actrice tant attendue, des autres acteurs, du metteur en scène et de son producteur. C’était la soirée où il faisait bon d’être vu. Je m’en fichais complètement. Je n’avais pas d’état d’âme. Je me percevais empesée et mal à l’aise. Je n’aimais pas me sentir apprêtée. Ma mèche blonde me tombait sur les yeux. Des flashs de photographes crépitaient de tous les côtés. Les hommes me regardaient ce qui flattait mon mari. Ma mère portait une robe de grand couturier. Elle s’était fait prêter des bijoux pour cette soirée par la joaillerie Chaumet dont elle était cliente. Sa robe longue était colorée à prédominance rose fuchsia. Elle semblait déjà éméchée. Sa démarche en témoignait. Mon père s’arrêtait à chaque seconde pour dire bonjour. Nous fûmes enfin assis. Tout ce beau monde caquetait. Les femmes se dévisageaient, examinant mutuellement leurs apparats. Les hommes bavardaient. Un silence s’installa quand le présentateur fit venir l’actrice principale sur scène, puis à leur tour, les autres acteurs et actrices. Là, j’ai craqué. J’ai senti de l’émotion. Cette femme était une bombe, la salle était en délire et applaudissait. Ce fut un moment fort pour moi. J’avais des frissons et des ondes électriques parcouraient mon corps. J’avais rêvé de devenir actrice alors que j’étais encore à l’école. C’était une façon de devenir quelqu’un d’autre. Cela m’avait toujours plu. Dans la vraie vie, j’avais l’impression d’avoir mes deux pieds enlisés dans un marécage boueux de sables mouvants dont je ne parvenais pas à m’extirper. La salle était pleine à craquer et le public trié sur le volet applaudissait par vagues. Je devais avouer que je ne m’attendais pas à vivre une telle soirée. Elle ne faisait que commencer. Mon père et ma mère étaient assis côte à côte et je me retrouvais encadrée par mon mari et mon père. Un velours rouge cramoisi décorait les murs de la salle de cinéma, assorti au lourd rideau de la scène. Il était tiré pour que les personnes puissent monter sur scène lors de la présentation de l’équipe du film. Les sièges étaient recouverts d’un tissu rouge plus clair. Les robes des femmes créaient une symphonie de couleurs vives. Sylvia Kristel portait une robe blanche fluide qui paraissait être de la soie. Elle était grande, mince et ses courbes harmonieuses et sexy étaient livrées aux regards. Sa robe décolletée arborait de fines bretelles et la moulait divinement. Son visage était ravissant. Ses cheveux auburn étaient courts et coiffés de telle sorte qu’ils paraissaient mouillés. Cette actrice était un ravissement pour moi qui recherchait mon identité féminine et sexuelle. J’étais envoûtée, subjuguée. Mon mari et mon père ne remarquèrent même pas l’effet qu’elle me faisait. Ils n’avaient pas l’air aussi ému que moi et ma mère non plus. L’imposant rideau cramoisi finit par se refermer. Tout le monde reprenait sa place. Je n’avais rien écouté de ce qui s’était dit sur scène. J’étais trop occupée à dévorer Sylvia Kristel des yeux. Je repensais à Noémie, aux actes qu’il me faudrait accomplir pour sortir de mon marécage et devenir une femme sexuelle et sensuelle. Le film commença. Ce fut un choc, une révélation. Je m’étais projetée dans le personnage d’Emmanuelle. Quelque chose de magique s’opérait en moi. Je m’identifiais à cette femme. Ce n’était plus un film mais une réalité. Cela pourrait devenir la mienne.

L’EMPREINTE D’EMMANUELLE
Les voyages d’Emmanuelle dans les différentes parties du globe et au milieu des hommes me portaient à réfléchir sur ma sensualité et mes envies. Elle succombait aux désirs masculins et semblait prendre un plaisir qui la menait à la jouissance. Pour moi, c’était difficile à comprendre car j’avais été élevée dans la soumission au père, à l’homme. Ce film m’obligeait à reconsidérer mes repères dans l’amour. Jouir d’être l’objet d’un homme me paraissait étrange, agaçant et pourtant possible. Sylvia Kristel représentait à mes yeux une femme belle, pleine de séduction et sans complexes. Elle savait qu’elle était désirable et elle succombait avec délices aux baisers et aux caresses des hommes. Parfois, devant certaines scènes osées, je me sentais gênée d’être assise à côté de mon père. A la fin du film, les gens étaient debout et applaudissaient. Je trouvais la réaction du public émouvante.  Pourtant c’était un film osé et très érotique à la lisière d’un porno. Je n’osais pas applaudir comme j’en avais envie. Je craignais les réactions de Lucas et de mon père. Je me sentais intimement excitée. Heureusement que les sensations et les émotions peuvent rester secrètes. Le public quasiment en délire, me donnait la chair de poule. Mon père et mon mari, nous pressèrent ma mère et moi pour  échapper à la ruée et retrouver le chauffeur. Il nous attendait dehors. Nous fûmes parmi les premiers à sortir. Il avait garé la voiture plus loin pour éviter la foule et les badauds qui guettaient la sortie les vedettes du film. La soirée continuait chez Maxim’s, le célèbre restaurant rue Royale.  Nous étions conviés à un souper privé. L’éclairage du restaurant était tamisé. Les murs avaient la même couleur que la salle de cinéma, rouge cramoisi. Cela créait une ambiance chaude et sensuelle. On pouvait entendre de la musique. Des gens dansaient sur la piste. Nous étions installés à une table près de l’entrée. Je n’ai pas revu Sylvia Kristel. Nous étions avec des amis de mes parents. L’ambiance était conventionnelle comme j’en avais l’habitude. Ma mère complètement saoule s’était levée et s’était accrochée à la jambe d’un ministre en fonction. J’étais gênée comme à chaque fois qu’elle se comportait mal. Mon père a feint de ne rien voir. Le ministre l’a poliment et fermement dégagée pour libérer sa jambe. Je reçus comme les autres femmes à cette table, un cadeau du bijoutier Dinh Van. C’était une chaînette en or avec une petite pomme, sur laquelle était gravé Emmanuelle. J’ai demandé à Lucas qu’il me l’accroche autour du cou. En dehors du cadeau, cette soirée ne me plaisait guère. Puis, les sorties où ma mère se faisait remarquer à cause de son ébriété me faisaient honte. L’image féminine de cette dernière était désastreuse et douloureuse pour moi.
A priori, l’équipe du film nous avait faussé compagnie à mon grand regret. Mes parents et Lucas avaient aimé le film.
« C’était saisissant de sensualité », approuvèrent les deux hommes.
J’étais surprise que mon père ait apprécié ce spectacle, lui qui bannissait tant en paroles le sexe et les femmes faciles. Ma mère fit entendre un hoquet en guise de réponse. Mon père aimait dire que le sexe était une affaire d’hommes. Je comprenais ce soir que c’était aussi mon affaire. Ce film avait créé une sorte de révolution dans ma tête et Emmanuelle devenait un guide érotique, avec Noémie pour me conduire au-delà du carcan dans lequel j’étouffais. Dans la limousine qui nous ramenait à la maison, seule avec Lucas, je songeais à des scènes du film. J’avais hâte de tester mes aptitudes sexuelles avec l’aide de Noémie. Mon mari rentrait souvent tard le soir ou s’absentait pour affaire. C’est ce qu’il souhaitait me faire croire. Je n’aimais pas me retrouver toute seule aussi souvent mais je pense que cela allait me faciliter les choses et me donner une certaine marge de liberté d’action. Je touchais la chaîne autour de mon cou et je souris. Je n’avais pas perdu ma soirée.

Les tueurs d’âmes, ou « souls killer’s »

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manipulation

Les Tueurs de l’âme, en anglais  « soul killer’s » existent bel et bien. Attaquer l’âme devient un meurtre parfait car impossible à prouver. La personne atteinte par ce poison invisible qui pénètre son âme et son corps risque la mort. Ceux qui n’ont pas connu ce genre de monstre à l’aspect humain ne peuvent pas comprendre et souvent refusent d’y croire. Ce genre de personnage peut insidieusement détruire une famille entière. C’est comme vivre avec un tyran qui sème la terreur et qui s’autorise le pouvoir de vie et de mort. Cette terreur s’estompe, certes si on survit au monstre, mais jamais totalement. Est-il né avec le pouvoir de tuer, en anglais « Born to kill », ou lui-même a-t-il  reçu un choc traumatique qui en a fait un monstre sans empathie, je ne saurais le dire. Quand on grandit auprès d’un (une) manipulateur(trice), l’enfant deviendra la proie idéale pour lui distiller le poison peu à peu afin de lui faire un lavage de cerveau tel que pour en sortir il lui  faudra des années de thérapies, de sevrages s’il souhaite se retrouver lui-même. Déjà, il lui faudra une prise de conscience pour comprendre qu’il s’est perdu, que son chemin de vie a été faussé et que la perception qu’il a de lui-même est erronée. C’est terrifiant cette sensation d’être rien sinon qu’une marionnette dont même les émotions sont faussées. Ces manipulateurs, hommes ou femmes, sont redoutables et renvoient à l’enfant cible que tout est dans sa tête et que tout ce qu’il ressent est faux.

Comment sortir de ce guêpier d’enchevêtrements d’idées importées  du cerveau d’un adulte qui prend peu à peu possession du cerveau d’un enfant pour l’imprégner de ses propres pensées et qui s’apprête à lui voler sa vie et son identité propre ? Allez expliquer ça à quelqu’un qui dira que le monstre a raison et que vous êtes déraisonnable de penser ainsi. C’est à rendre fou de ne pouvoir se défendre contre un meurtre psychique.  Une personne que je connaissais avait placé sur son mur du salon un immense tableau. Cela représentait une scène où il était minuscule et en dessous était inscrit « Where am I ? », en Français « Où suis-je ? ». Il est mort quelques années après que son père bourreau soit décédé. Il ne pouvait plus vivre car il n’avait aucune autonomie propre, même adulte. Il est mort empoisonné par son parent qui en avait fait sa marionnette, sa chose. Ses pensées propres avaient été pénétrés et le parent avait toujours accès intérieurement à son cerveau et contrôlait toujours ses émotions, même mort comme une mémoire fantôme. De plus, suivant le souhait du vampire défunt, il vivait dans l’appartement de son père imprégné de ce dernier. Il était constamment malade et je lui avais suggéré de vendre l’appartement pour passer à autre chose. Il ne voulait pas. Il demeurait fidèle au funeste testament de son manipulateur. C’était fou, il était encore sous son emprise et n’en avait aucune conscience. Difficile à comprendre mais ce sont des vampires de l’âme. Vous ne pouvez que vous perdre quand ce processus commence dès la naissance. C’est le travail d’une vie pour se libérer d’un tel personnage maléfique qui vous a connu et manipulé dès le berceau.

C’est surnaturel, je l’admets et c’est pour cela que c’est difficile à admettre. C’est le genre d’histoire qui fait penser à l’exorciste ou Rose Mary’s baby. Ce sont des  films où des gens sont possédés par des démons et qui deviennent fou car personne ne les croit. Cela ressemble aussi au cinéma d’Hitchcock. Mais ce n’est pas du cinéma cela existe dans la vie réelle et les cinéastes ont su exploiter ce sujet méconnu des tribunaux de justice encore au 21é siècle. Ces monstres ont l’air charmant, bienveillant  et  vous leur donneriez le bon dieu sans confession. Ils (elles) ont un charisme fantastique, vous ne pouvez qu’être séduits et c’est là où l’enfer commence pour sa victime qui, grande, va souvent se fourvoyer dans une vie qui ne lui convient pas, car sous l’emprise du charme de son bourreau qui sait convaincre et menacer si nécessaire. Ce dernier  sait lui démontrer que ce qu’il  ressent est pure imagination et aucunement la réalité. La victime aura du mal à avoir confiance en elle-même et sera sans cesse en train de subir des critiques du parent. C’est un poison invisible qui fait que la personne qui subit ça est en colère, a peur de son bourreau, de lui désobéir car il a vécu dans la terreur et sait ce que son parent lui a fait subir comme violences et abus dans l’enfance. Ils (elles), ces monstres peuvent être des pédophiles et infliger à l’enfant de subir l’inceste. Ils se sont octroyés le pouvoir de vie et de mort sur leurs chérubins et même de cuissage. Ils n’ont aucun scrupule à les détruire peu à peu. Ce sont des tueurs (killer’s) en anglais. Ils sévissent partout dans une impunité parfaite.

Quand quelqu’un  vit avec un individu qui a pris un tel ascendant sur lui, Il a de grandes chances d’être clivé. Une partie de lui s’identifiera à l’agresseur et une autre partie de lui-même, ce qu’il est réellement, rentrera en conflit avec la partie aliénée. C’est une histoire invisible qui se joue entre des énergies opposées. Thanatos, la mort et Eros, la vie. C’est une lutte inconsciente entre la vie et la mort. Oter à un enfant par la persuasion que ses propres perceptions, émotions et intuitions  sont fausses est un crime. Ainsi ce meurtrier psychique a pénétré l’intime de l’enfant qui n’aura jamais connu ses limites. Retrouver ses limites nécessite une volonté de fer pour reconnaitre ce qui est soi et ce qui appartient au vampire dont les idées et décisions empoisonnés ont libre accès à l’intérieur de l’enfant puis continueront leurs dégâts quand il sera devenu adulte. Le poison est là, actif, puissant et ce personnage qui adore dominer, déteste qu’on lui résiste. Le chantage affectif, les menaces, la supplication, voire même les pleurs tout y passe. C’est un véritable virtuose dans l’art d’accommoder les émotions suivant les circonstances et de s’attirer la sympathie et l’empathie d’autrui et ainsi  de toucher qui il veut en jouant de ses capacités de caméléon suivant ses nécessités pour enfoncer sa victime. C’est machiavélique et c’est sa victime qui semblera coupable dans le visible et c’est là précisément qu’un parent, un  proche sont redoutables et mortels. Tout le monde sera de son côté et le plaindra d’avoir à ses côtés un tel enfant ingrat. Hallucinant combien le monde a évolué dans les techniques et est d’une nullité terrifiante du point de vue de l’humain. C’est pour cela que ces crimes  sont non reconnus par les états, la justice car cela rentre dans le domaine du subjectif et de l’interprétation de chacun. Les vampires de l’âme, ces tueurs sans état d’âme ont de beaux jours devant eux. Ils ont des enfants, parfois, leurs propres enfants  qui deviennent des proies idéales à leur merci  pour les détruire. Le parent qui assiste à l’envoutement  de l’enfant par le parent monstrueux ne peut rien faire pour protéger l’enfant. L’enfant aime son bourreau et ne réalise nullement qu’il est en train d’aller vers son propre enfer et se détache du parent qui voudrait le mettre en garde. C’est trop tard, il est sous la coupe du tueur d’âmes. Le parent protecteur est contraint de regarder la mise à mort psychique de son enfant sans pouvoir le dénoncer. Qui le croirait ? Qui comprend ces crimes invisibles dans les huis clos si bien protégés ? C’est le lieu rêvé des crimes incestueux  ainsi que des viols et où ces tueurs peuvent frapper et menacer toutes ses victimes de représailles s’ils n’obéissent pas à leurs ordres tout puissants ? Le parent protecteur est en danger lui-même. La justice la police, les proches penseront qu’il perd la raison ou bien qu’il souhaite soustraire l’enfant au tueur d’âme. C’est très subtil, Hitchcockien, j’ajouterais démoniaque. Le parent protecteur sera souvent atteint par le poison car ces manipulateurs(trices) n’apprécient aucunement les témoins de leurs crimes invisibles. Ils réussissent souvent à détruire les liens familiaux et à  diviser les membres de la famille pour éliminer les témoins gênants. Ces derniers sont rendus muets car personne ne les croit.

Il faut une détermination  aussi grande que celle du manipulateur(trice) pour défaire les chaines invisibles qui le relient à son bourreau. Une prison sans barreau certes, mais la proie d’un tel individu est aveuglée et tétanisée comme devant un serpent à sonnettes qui tue au moindre mouvement. Tout se passe d’inconscient à inconscient dans l’invisible où quasi personne ne connait rien et pense que les victimes sont des affabulateurs. C’est le grand drame de ce monde qui protège des individus indignes et condamne les victimes qui dérangent l’ordre patriarcal et familial instauré depuis des millénaires et qui rapportent de l’argent par la consommation. Détruire l’ordre familial avec des dénonciations est un crime plutôt que le contraire. C’est comme les réseaux pédophiles organisés, protégés qui tuent et saccagent des vies d’enfants par milliers pour le seul plaisir de les baiser, les salir et les détruire. Ainsi que les religieux. Pas seulement les catholiques, dans toutes les religions, il y a les brebis galeuses qui au nom de dieu se donnent le pouvoir de blasphémer des vies d’enfants et qui sont juste limogés ainsi ils peuvent en toute quiétude continuer leurs massacres d’enfants par milliers. Les victimes  vivent dans la honte et la peur de dénoncer ce qu’ils ont subi. La honte est dans le mauvais camp depuis bien trop longtemps ! Bravo à celles et ceux qui luttent contre ces meurtres de l’invisible que les gouvernements refusent de voir et que la justice laissent quasi tout le temps dans l’impunité. Le suicide, l’alcoolisme, la drogue, la prostitution et bien d’autres maux surgissent chez ces victimes la plupart du temps obligées de se taire. Je ne pense pas que l’on naisse victime. Je crois qu’il existe une propension de gens qui sont fragiles émotionnellement et ceux-là sont visés car aisés à  mettre sous emprise. L’inceste, le viol sont des facteurs aggravants et aliénants  du parent tout puissant qui pénètre non seulement le cerveau de l’enfant mais s’empare sans son consentement de son corps qui devient le territoire de l’abuseur et met la pagaille  dans la vie intime de l’enfant entachant gravement sa sexualité. On ne parle jamais de ce problème, de celui de la sexualité des victimes violées psychologiquement et physiquement. Incroyable de ne pas évoquer ce traumatisme à l’origine du pire et du meilleur. Le meilleur étant de réussir tant bien que mal à émerger de ce chaos crée par des criminels que les gouvernements et la justice gracient de leurs crimes monstrueux bien trop souvent en mettant à mal la victime qui de nouveau se retrouve devant un agresseur, la justice elle-même, pour l’accabler et mettre en doute ses dires. Un agresseur ne bafouille pas, ne perd pas ses mots, il est habitué à mentir, à manipuler au contraire des victimes dont l’âme est démantelée par tant de faits faux qui lui sont reprochés. Aujourd’hui, le monde est à l’envers pour les victimes qui finissent par se taire et étouffer parfois à cause de tant de méconnaissance sur les pervers narcissiques qui pour moi sont des « monstres » sous un aspect humain. Ils se promènent parmi nous, sont parfois célèbres, ils gangrènent leurs familles et tout ce qu’ils touchent. Ce n’est pas une baguette magique qu’ils ont. Ils offrent à leurs victimes petites  et grandes un passeport pour l’enfer dont on ne revient jamais tout à fait indemne.

Hello Emmanuelle (partie 1)

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IMG_3175« Suivez-moi et venez rencontrer mon héroïne qui va quitter sa vie de bobonne rangée. Nous sommes dans les années 70. »

Numéro SACD : 275121

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Bonne lecture !

 

 Hello Emmanuelle (Partie 1)

Ma vie s’écoulait morne et insipide. Avant mon mariage, je travaillais dans une librairie. Je n’aimais pas beaucoup ce travail où j’étais tantôt à la caisse tantôt vendeuse. Je ne gagnais pas beaucoup d’argent. J’avais une vie routinière. Et le temps passait. J’avais rêvé de devenir actrice quand j’étais jeune. Mon père ne voulait pas en entendre parler. Les actrices étaient des « filles de mauvaise vie », disait-il. C’était son point de vue sur les activités féminines artistiques. J’avais obtempéré pour lui faire plaisir. Mes parents s’inquiétaient pour moi et rêvaient de me voir mariée. Une de leurs amies avait insisté pour organiser une soirée à mon insu, dans le but de me faire rencontrer un homme. J’avais déjà vingt-quatre ans. C’est là que je vis Lucas pour la première fois. Il était grand, plutôt bel homme, des cheveux bruns bouclés, mais sa façon de s’exprimer était docte. Il ne me plaisait pas vraiment. Il se tenait droit et rigide sur ses jambes comme un militaire. Je compris la raison de ce dîner. J’étais une jolie femme mais seule.

Malgré l’évolution des mœurs, être encore célibataire pour une femme de mon âge, n’était pas vraiment admis. J’avais reçu une éducation stricte, essentiellement concernant le sexe. Mes parents faisaient pression sur moi, ils auraient souhaité avoir des petits enfants et je les décevais. Je sortais avec des hommes mais les histoires finissaient toujours mal. Soit j’arrêtais la relation parce que je ne les aimais pas assez pour continuer soit c’est eux qui ne me donnaient plus signe de vie. Je n’avais pas réellement envie d’être mère mais c’était le rêve de mes parents pour moi. Pour eux, mais plus encore pour mon père, c’était la finalité d’une union et d’une vie de femme. Ma mère, sans la présence autoritaire de son mari, pensait autrement. Elle soutenait mon père parce qu’elle était faible et ne s’autorisait pas à formuler ses propres opinions. Quand on était toutes les deux, ses discours étaient différents. J’aimais ma mère, et je regrettais qu’elle ne prenne jamais ma défense ouvertement. Je ne pouvais pas compter sur elle. Je me suis sentie obligée d’épouser Lucas. Mes parents me culpabilisaient. Ils avaient toujours réussi à diriger ma vie d’une façon ou d’une autre. Lucas de son côté, était célibataire et gagnait bien sa vie, ce qui faisait de lui un parti non négligeable. Il travaillait dans l’import-export. Il voyageait souvent et souhaitait avoir un foyer, et une femme qui ne travaillait pas. Il gagnait assez d’argent pour que je cesse mes activités. Vu sous cet angle, cela me plaisait. Devenir une femme au foyer serait un changement. J’avais un petit studio que j’assumais. Mes parents m’aidaient financièrement quand cela était nécessaire. Je n’avais pas pour autant, une vraie vie de femme libre et indépendante : j’avais continuellement mes parents sur le dos. Mon père, très « vieille école », surveillait mes relations avec les hommes. Ma mère dans l’intimité, me poussait à m’amuser. Elle disait qu’une fois mariée, on ne pouvait plus profiter de la vie pareillement. Elle semblait amère et buvait en cachette. Elle aurait souhaité que j’accomplisse ses propres rêves. J’avais pris la mauvaise habitude de laisser mes parents s’immiscer dans ma vie. Etait-ce par faiblesse ou parce que je ne savais pas faire autrement ? Je craignais peut-être qu’ils ne m’aiment plus si je les écartais de mon existence ?

Lucas me fit la cour mais je n’étais pas séduite. Je lui confiais que je ne voulais pas d’enfant. Ce n’était pas un obstacle à ses yeux. Peu attiré par le rôle de père, il aimait bouger et voyager. Nous avons convenu de ne pas le révéler à mes parents. Au lit, ce fut un fiasco. Je n’avais jamais connu le nirvana mais j’avais déjà ressenti des attirances fortes pour des hommes. Celui-ci désirait m’épouser, contrairement aux autres. C’est ainsi que je me suis retrouvée mariée. Mon mari s’appelait Lucas Ditchinsky. Cerise sur le gâteau, je dus assumer un nom à coucher dehors. Au téléphone, il fallait que j’épelle chaque lettre. J’étais devenue la femme d’un homme qui ne correspondait pas réellement à mon choix, mais davantage à celui de mes parents. D’un autre côté, J’étais contente de ne plus aller à la librairie et d’en finir avec les petits boulots. Mes rêves étaient partis en fumée. Je me vivais comme désincarnée. Mon père avait su m’inculquer que le sexe n’était pas important dans un mariage. Je l’avais cru. Il avait un fort ascendant sur moi. Pour lui les femmes étaient soit des « putes » soit des mères. Mon corps, ma chair représentaient l’incarnation. J’étais un être incarné par mon corps mais je le vivais mal. Je pensais que le corps portait le poids de la culpabilité lié(e ?) au désir et au sexe. La mauvaise opinion que mon père avait des femmes libérées me condamnait à une vie quasi monacale.  C’était une source de conflit pour moi. Je décidais donc de prendre les choses avec plus de légèreté. Le sexe et moi représentions un problème insoluble puisque je refusais mon corps qui était la preuve tangible de mon incarnation sur cette terre et qui impliquait aussi la sexualité. L’image féminine possédait deux versants : la mère et la putain. Descartes disait que le corps était bon pour l’âme et qu’il contribuait à l’enrichir. J’adorais danser et me laissais aller sur des rythmes endiablés. Je me laissais aller comme lors d’une jouissance. Quand je sortais en boite le soir avec des amis, je ne quittais quasiment pas la piste de danse. Je ne pensais à rien sinon à être libre et à bouger au gré des rythmes. Cela semblait me permettre d’exprimer toute ma sensualité retenue et mon trop plein d’énergie. Lorsque je travaillais à la librairie, j’étais une autre.  Ce plaisir que j’éprouvais en me lâchant le soir en boite de nuit, je ne le partageais pas. Malgré tout, j’avais ressenti les élancements du désir en dansant des slows avec des hommes. Certains me donnaient envie de chavirer. Je ne montrais pas mon émoi. Mon corps sans doute répondait aux sollicitations du partenaire mais ma tête restait glacée. Bien sûr, j’ai flirté et même couché avec certains d’entre eux mais le passage à l’acte me semblait en décalage par rapport à la violence de mes envies. Je me sentais frustrée et «coucher » ne semblait pas la solution pour me satisfaire. Peut-être que je tombais sur des partenaires qui ne me convenaient pas. Le sexe, l’amour me semblaient bien mystérieux. Cela n’existait  peut-être que dans les films et les romans. Les histoires de sexe mélangé à la passion m’enivraient. Je sentais mon corps réagir. Il n’y avait pas de risque, c’était virtuel. Parfois, je me masturbais tant l’excitation était forte. Je sentais une puissance qui venait de mon bas ventre et qui pouvait me conduire à la jouissance et à une plénitude corporelle. Je pressentais que cette sensation serait enivrante et non maîtrisable. Il serait nécessaire que je libère mon corps des interdits qui le gardaient ligoté. Le plaisir et les hommes en faisaient partie. La religion aussi contribuait à fausser l’image de la femme, du corps féminin. Je mourais d’envie de passer outre tous ces interdits et tabous pour me découvrir au plus près de mon intimité. Je me jurais de me donner les moyens d’y parvenir. Peut-être que ce rêve, je pourrais le vivre un jour. Pour le moment, j’étais encore coincée dans un mariage.

Je me réveillais mal en point. Mon corps me faisait souffrir à cause de mes cauchemars. J’entendais le séchoir à cheveux. Mon mari se faisait un brushing comme tous les matins en compagnie de la radio qui diffusait les nouvelles. Je détestais ce moment où il faisait sa toilette. Je n’aimais pas ses habitudes. Il n’appréciait pas les miennes. J’avais envie d’aller aux toilettes mais je préférais attendre que Lucas soit parti. J’entendis la porte claquer. Enfin, j’étais seule avec Alexia, la femme de ménage. Elle ne me dérangeait pas car elle faisait tous les jours ce que je rechignais à faire pour entretenir l’appartement. Mon mari était maniaque. Prendre une femme de ménage était sa seule solution. Je n’aimais pas Lucas. Je n’avais jamais été amoureuse de lui. Mon père et ma mère semblaient rassurés que je sois casée. Ces derniers étaient fortunés et j’avais toujours vu ma mère ne rien faire et être souvent saoule. Contre l’auto destruction, j’avais opté pour la  « non vie ». Pas de passion, pas d’amour, une vie vide, dénuée d’affectif me sauverait. C’est ce que je croyais. Je me levais péniblement. J’avais déjà des angoisses et la bouche sèche. Devant le miroir de la salle de bain, je me scrutais sans complaisance. J’ai commencé très jeune, à m’observer ainsi. J’étais aveugle à moi-même. J’avais seulement 43 ans mais je me sentais vieille et moche. Je ne pouvais pas changer cette perception. Je savais pourtant que j’étais jolie. Grande, blonde, de longues et fines jambes, une poitrine généreuse, je pouvais sentir les hommes m’apprécier. J’avais sans doute des choses à changer dans ma relation avec eux et surtout à apprivoiser ma libido. Il y avait un beau soleil, c’était le début du printemps.  Pour moi, c’était un jour comme les autres. Je décidais d’appeler Noémie pour me faire faire une coupe et un brushing. Cette dernière était ma coiffeuse quand je n’avais pas envie de me rendre chez mon coiffeur. Il me plaisait de discuter sexe avec elle. Elle aimait me raconter ses rencontres avec des hommes différents. Elle me faisait miroiter un monde inconnu et infiniment plus excitant et sensuel que celui que je connaissais. Noémie était jolie, toujours d’humeur égale, bien faite et bien plus émancipée que moi. Elle était mariée et avait une fille. Elle trompait son mari sans remords. Elle avait une philosophie personnelle, égoïste et masculine concernant les relations mari et femme. Elle tenait à sa famille et agissait en conséquence. Elle aimait prendre son pied et je l’écoutais comme si elle tombait d’une autre planète et en même temps, je l’enviais. Le sexe jusqu’ici me semblait insipide et routinier. J’avais de fortes envies mais à force de frustration, je pensais que le problème venait de moi. J’avais écarté toute hypothèse qui pouvait incriminer mon mari. J’étais bel et bien une zombie malheureuse et mal dans sa peau.

Noémie me proposait de passer vers 16 h chez moi. Ce soir-là, mon mari et moi étions invités avec mes parents à la première du film Emmanuelle. Les journaux en parlaient avec délectation. Ce film suscitait des conflits avec la censure. Tout le monde en parlait. Il passait dans une salle aux Champs Elysées. Cela ne me faisait ni chaud ni froid. Je ne m’attendais à rien de particulier mais j’avais eu vent qu’il s’agissait d’un film érotique, que j’assimilais plus ou moins aux films pornographiques. Je m’en fichais. Je ne m’intéressais pas à la politique non plus et je ne lisais pas les journaux. En fait, je ne m’intéressais pas à grand-chose, l’ennui et la solitude faisaient partie de mon paysage. Fantasmer était le plus sûr moyen de me faire plaisir jusqu’ici.

La veille, j’avais dérobé de l’argent à mon mari. Je n’en gagnais plus et cela me manquait. Il jouait beaucoup au poker et avait souvent des liasses de billets plein les poches. Ça me faisait vibrer de voir autant d’argent. Je ne résistais pas à la tentation de lui en prendre. Il ne s’en apercevait jamais. Aujourd’hui, pour la soirée cinéma où le tout Paris mondain était invité, j’allais m’acheter une jolie robe sexy pour mettre mes atouts en valeur. Même si je ne m’aimais pas physiquement, quand je me maquillais et m’habillais pour sortir, j’avais l’impression de devenir une autre femme, une femme que j’appréciais enfin. C’était moi mais pas tout à fait. C’était une sensation étrange et très agréable. Je sortais d’un rôle pour devenir cette autre, une étrangère, une femme que je ne connaissais pas, mon «alter ego » en quelque sorte. Pour le moment, elle n’était qu’une apparence. J’avais envie de la rendre vivante, de ne plus être moi mais cette autre moi-même inconnue.

J’avais trouvé une jolie robe noire, avec de la dentelle entre la taille et la poitrine. On pouvait apercevoir ma peau en transparence. La robe était courte. Il faisait chaud, je pourrais me couvrir mes épaules d’un châle. J’optais pour des talons hauts noirs avec une bride autour des chevilles. J’aimais ce genre de vêtement qui me donnait l’impression d’être une vilaine fille, une de ces femmes qui transpirent le sexe. Les vêtements me permettaient d’apercevoir la sensualité que je m’efforçais de camoufler.  J’étais complexe, il fallait que je me déverrouille, il était temps. La porte sonnait. La femme de ménage était partie depuis un bon moment. J’ouvrais la porte à Noémie.

NOÉMIE

Noémie ressemblait à un ouragan de vitalité. Ses cheveux étaient savamment ébouriffés, mi-longs et d’un joli blond méché et naturel. Elle m’avait confié avoir une permanente pour ne pas avoir à se soucier de sa coiffure après ses batifolages. Son métier de coiffeuse à domicile lui permettait d’avoir un emploi du temps élastique où elle pouvait se libérer pour ses turpitudes amoureuses selon ses envies et au gré de ses rencontres. Tandis que nous nous installions près du lavabo dans la salle de bain, disposant son matériel, elle évoqua sa dernière rencontre : un homme marié, beau gosse, la quarantaine qui baisait comme un dieu. Elle prenait son pied avec lui. Elle allait même s’arranger pour l’été afin qu’il vienne la rejoindre sur son lieu de vacances et qu’ils puissent se voir. Noémie avait de jolis yeux bruns et un teint doré que sa couleur de cheveux rehaussait. Avant de m’asseoir devant le miroir pour mon brushing, je lui montrais ma nouvelle robe. Elle s’extasia, me regarda et me dit :

« Il est temps que tu passes à l’acte, tu ne peux pas continuer comme ça où tu vas mourir idiote. »

Je la regardais médusée et amusée, bien que gênée, lui demandais ce qu’elle voulait dire. Elle m’examina des pieds à la tête. Je portais un peignoir qui cachait une ravissante culotte couleur crème avec de la dentelle. Je raffolais de la lingerie. J’étais sans le savoir une fétichiste et me farder représentait pour moi le plaisir absolu. Mon père m’avait tannée avec ses vetos à propos du maquillage. Pouvoir me maquiller en toute quiétude, sonnait comme une revanche.

Le sexe, l’amour, et la passion me fascinaient. J’achetais en cachette des magazines comme Play Boy, suivant la fille qui était en couverture. Je parvenais ainsi à me projeter dans un autre corps qui ressemblait au mien. Je regardais les photos quand j’étais seule. Mon regard se fixait sur le sexe des femmes, leurs seins ainsi que sur leurs poses. Certaines photos m’excitaient. Cela me permettait de ressentir des sensations voluptueuses et de l’excitation. Mon désir de faire l’amour et de jouir s’éveillait. Je me soulageais. Mon corps s’éveillait à la vie, sans que je me sente coupable. Je ne pouvais pas me risquer à vivre mes fantasmes avec Lucas. Quand on couchait ensemble, il ne se passait jamais rien pour moi. Il ne me traitait pas comme une femme désirable et belle. J’étais seulement sa femme, pas une héroïne de film ou de roman. Le sexe entre nous, n’avait rien de sexy. Cela faisait partie d’un consensus rarement accompli. Ce que l’on nomme vulgairement « le devoir conjugal. »

Le maquillage, tel un camouflage, permettait à l’autre moi – la sensuelle, la femme érotique – de faire irruption dans un monde aseptisé et asexué, qui était jusque-là le mien. Noémie m’arracha à ma rêverie en tirant sur la ceinture de mon peignoir. J’étais quasi nue devant elle. Je fis un geste pour le refermer. Elle m’en empêcha et me dit :

« Tu es une superbe femme. Tu ne t’en rends même pas compte. Il est temps que tu te dévergondes sexuellement ».

Je me suis sentie rougir et j’ai commencé à bafouiller. Puis, je resserrais la ceinture de mon peignoir. Noémie me fit signe de m’asseoir devant le miroir. Avant qu’elle ne commence le séchage de mes cheveux, je coupais le silence qui s’était établi entre nous et j’osais demander avec une petite voix :

─ « C’est quoi passer à l’acte ?

Fin de la première partie.

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Danse instinctive par Matti King

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10734081_10152890834824485_5538152898171164491_nMatti King donne un cours de danse instinctive chez Joël Bui qui enseigne à Paris la méthode que Lee Strasberg enseigna à Factors Studio (Visiter le site de Joël Bui).

Matti a travaillé plusieurs années au Lee Strasberg Institute à New York en tant que comédienne. La danse instinctive est un travail sur le corps avec musique pour ressentir les rythmes au travers du corps et utiliser l’imaginaire pour vivre des situations rêvées et autres au travers de musiques différentes. Le corps est l’instrument essentiel de l’acteur pour vivre réellement sans simuler, la joie, l’amour et toutes les sensations que le corps exprime dans le mouvement.
Matti travaille toujours régulièrement avec Joel Bui qui enseigne la méthode de l’Actor’s Studio à Paris.

Un danseur, un musicien, un chanteur doivent travailler sans cesse pour entretenir leur potentiel artistique. Les acteurs oublient parfois l’importance du corps pour exprimer des palettes d’émotions non feintes et jouées.
La danse instinctive permet au corps de s’exprimer. Le corps est un atout précieux pour les actrices et les acteurs.

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