Hello Emmanuelle (partie 1)

Share

IMG_3175« Suivez-moi et venez rencontrer mon héroïne qui va quitter sa vie de bobonne rangée. Nous sommes dans les années 70. »

Numéro SACD : 275121

Découvrez la première partie de ma nouvelle « Hello Emmanuelle » ; Tous les 10 jours, découvrez une publication sur ce blog. N’hésitez pas à vous inscrire à la Newsletter pour recevoir une notification par email à chaque publication d’articles.

Bonne lecture !

 

 Hello Emmanuelle (Partie 1)

Ma vie s’écoulait morne et insipide. Avant mon mariage, je travaillais dans une librairie. Je n’aimais pas beaucoup ce travail où j’étais tantôt à la caisse tantôt vendeuse. Je ne gagnais pas beaucoup d’argent. J’avais une vie routinière. Et le temps passait. J’avais rêvé de devenir actrice quand j’étais jeune. Mon père ne voulait pas en entendre parler. Les actrices étaient des « filles de mauvaise vie », disait-il. C’était son point de vue sur les activités féminines artistiques. J’avais obtempéré pour lui faire plaisir. Mes parents s’inquiétaient pour moi et rêvaient de me voir mariée. Une de leurs amies avait insisté pour organiser une soirée à mon insu, dans le but de me faire rencontrer un homme. J’avais déjà vingt-quatre ans. C’est là que je vis Lucas pour la première fois. Il était grand, plutôt bel homme, des cheveux bruns bouclés, mais sa façon de s’exprimer était docte. Il ne me plaisait pas vraiment. Il se tenait droit et rigide sur ses jambes comme un militaire. Je compris la raison de ce dîner. J’étais une jolie femme mais seule.

Malgré l’évolution des mœurs, être encore célibataire pour une femme de mon âge, n’était pas vraiment admis. J’avais reçu une éducation stricte, essentiellement concernant le sexe. Mes parents faisaient pression sur moi, ils auraient souhaité avoir des petits enfants et je les décevais. Je sortais avec des hommes mais les histoires finissaient toujours mal. Soit j’arrêtais la relation parce que je ne les aimais pas assez pour continuer soit c’est eux qui ne me donnaient plus signe de vie. Je n’avais pas réellement envie d’être mère mais c’était le rêve de mes parents pour moi. Pour eux, mais plus encore pour mon père, c’était la finalité d’une union et d’une vie de femme. Ma mère, sans la présence autoritaire de son mari, pensait autrement. Elle soutenait mon père parce qu’elle était faible et ne s’autorisait pas à formuler ses propres opinions. Quand on était toutes les deux, ses discours étaient différents. J’aimais ma mère, et je regrettais qu’elle ne prenne jamais ma défense ouvertement. Je ne pouvais pas compter sur elle. Je me suis sentie obligée d’épouser Lucas. Mes parents me culpabilisaient. Ils avaient toujours réussi à diriger ma vie d’une façon ou d’une autre. Lucas de son côté, était célibataire et gagnait bien sa vie, ce qui faisait de lui un parti non négligeable. Il travaillait dans l’import-export. Il voyageait souvent et souhaitait avoir un foyer, et une femme qui ne travaillait pas. Il gagnait assez d’argent pour que je cesse mes activités. Vu sous cet angle, cela me plaisait. Devenir une femme au foyer serait un changement. J’avais un petit studio que j’assumais. Mes parents m’aidaient financièrement quand cela était nécessaire. Je n’avais pas pour autant, une vraie vie de femme libre et indépendante : j’avais continuellement mes parents sur le dos. Mon père, très « vieille école », surveillait mes relations avec les hommes. Ma mère dans l’intimité, me poussait à m’amuser. Elle disait qu’une fois mariée, on ne pouvait plus profiter de la vie pareillement. Elle semblait amère et buvait en cachette. Elle aurait souhaité que j’accomplisse ses propres rêves. J’avais pris la mauvaise habitude de laisser mes parents s’immiscer dans ma vie. Etait-ce par faiblesse ou parce que je ne savais pas faire autrement ? Je craignais peut-être qu’ils ne m’aiment plus si je les écartais de mon existence ?

Lucas me fit la cour mais je n’étais pas séduite. Je lui confiais que je ne voulais pas d’enfant. Ce n’était pas un obstacle à ses yeux. Peu attiré par le rôle de père, il aimait bouger et voyager. Nous avons convenu de ne pas le révéler à mes parents. Au lit, ce fut un fiasco. Je n’avais jamais connu le nirvana mais j’avais déjà ressenti des attirances fortes pour des hommes. Celui-ci désirait m’épouser, contrairement aux autres. C’est ainsi que je me suis retrouvée mariée. Mon mari s’appelait Lucas Ditchinsky. Cerise sur le gâteau, je dus assumer un nom à coucher dehors. Au téléphone, il fallait que j’épelle chaque lettre. J’étais devenue la femme d’un homme qui ne correspondait pas réellement à mon choix, mais davantage à celui de mes parents. D’un autre côté, J’étais contente de ne plus aller à la librairie et d’en finir avec les petits boulots. Mes rêves étaient partis en fumée. Je me vivais comme désincarnée. Mon père avait su m’inculquer que le sexe n’était pas important dans un mariage. Je l’avais cru. Il avait un fort ascendant sur moi. Pour lui les femmes étaient soit des « putes » soit des mères. Mon corps, ma chair représentaient l’incarnation. J’étais un être incarné par mon corps mais je le vivais mal. Je pensais que le corps portait le poids de la culpabilité lié(e ?) au désir et au sexe. La mauvaise opinion que mon père avait des femmes libérées me condamnait à une vie quasi monacale.  C’était une source de conflit pour moi. Je décidais donc de prendre les choses avec plus de légèreté. Le sexe et moi représentions un problème insoluble puisque je refusais mon corps qui était la preuve tangible de mon incarnation sur cette terre et qui impliquait aussi la sexualité. L’image féminine possédait deux versants : la mère et la putain. Descartes disait que le corps était bon pour l’âme et qu’il contribuait à l’enrichir. J’adorais danser et me laissais aller sur des rythmes endiablés. Je me laissais aller comme lors d’une jouissance. Quand je sortais en boite le soir avec des amis, je ne quittais quasiment pas la piste de danse. Je ne pensais à rien sinon à être libre et à bouger au gré des rythmes. Cela semblait me permettre d’exprimer toute ma sensualité retenue et mon trop plein d’énergie. Lorsque je travaillais à la librairie, j’étais une autre.  Ce plaisir que j’éprouvais en me lâchant le soir en boite de nuit, je ne le partageais pas. Malgré tout, j’avais ressenti les élancements du désir en dansant des slows avec des hommes. Certains me donnaient envie de chavirer. Je ne montrais pas mon émoi. Mon corps sans doute répondait aux sollicitations du partenaire mais ma tête restait glacée. Bien sûr, j’ai flirté et même couché avec certains d’entre eux mais le passage à l’acte me semblait en décalage par rapport à la violence de mes envies. Je me sentais frustrée et «coucher » ne semblait pas la solution pour me satisfaire. Peut-être que je tombais sur des partenaires qui ne me convenaient pas. Le sexe, l’amour me semblaient bien mystérieux. Cela n’existait  peut-être que dans les films et les romans. Les histoires de sexe mélangé à la passion m’enivraient. Je sentais mon corps réagir. Il n’y avait pas de risque, c’était virtuel. Parfois, je me masturbais tant l’excitation était forte. Je sentais une puissance qui venait de mon bas ventre et qui pouvait me conduire à la jouissance et à une plénitude corporelle. Je pressentais que cette sensation serait enivrante et non maîtrisable. Il serait nécessaire que je libère mon corps des interdits qui le gardaient ligoté. Le plaisir et les hommes en faisaient partie. La religion aussi contribuait à fausser l’image de la femme, du corps féminin. Je mourais d’envie de passer outre tous ces interdits et tabous pour me découvrir au plus près de mon intimité. Je me jurais de me donner les moyens d’y parvenir. Peut-être que ce rêve, je pourrais le vivre un jour. Pour le moment, j’étais encore coincée dans un mariage.

Je me réveillais mal en point. Mon corps me faisait souffrir à cause de mes cauchemars. J’entendais le séchoir à cheveux. Mon mari se faisait un brushing comme tous les matins en compagnie de la radio qui diffusait les nouvelles. Je détestais ce moment où il faisait sa toilette. Je n’aimais pas ses habitudes. Il n’appréciait pas les miennes. J’avais envie d’aller aux toilettes mais je préférais attendre que Lucas soit parti. J’entendis la porte claquer. Enfin, j’étais seule avec Alexia, la femme de ménage. Elle ne me dérangeait pas car elle faisait tous les jours ce que je rechignais à faire pour entretenir l’appartement. Mon mari était maniaque. Prendre une femme de ménage était sa seule solution. Je n’aimais pas Lucas. Je n’avais jamais été amoureuse de lui. Mon père et ma mère semblaient rassurés que je sois casée. Ces derniers étaient fortunés et j’avais toujours vu ma mère ne rien faire et être souvent saoule. Contre l’auto destruction, j’avais opté pour la  « non vie ». Pas de passion, pas d’amour, une vie vide, dénuée d’affectif me sauverait. C’est ce que je croyais. Je me levais péniblement. J’avais déjà des angoisses et la bouche sèche. Devant le miroir de la salle de bain, je me scrutais sans complaisance. J’ai commencé très jeune, à m’observer ainsi. J’étais aveugle à moi-même. J’avais seulement 43 ans mais je me sentais vieille et moche. Je ne pouvais pas changer cette perception. Je savais pourtant que j’étais jolie. Grande, blonde, de longues et fines jambes, une poitrine généreuse, je pouvais sentir les hommes m’apprécier. J’avais sans doute des choses à changer dans ma relation avec eux et surtout à apprivoiser ma libido. Il y avait un beau soleil, c’était le début du printemps.  Pour moi, c’était un jour comme les autres. Je décidais d’appeler Noémie pour me faire faire une coupe et un brushing. Cette dernière était ma coiffeuse quand je n’avais pas envie de me rendre chez mon coiffeur. Il me plaisait de discuter sexe avec elle. Elle aimait me raconter ses rencontres avec des hommes différents. Elle me faisait miroiter un monde inconnu et infiniment plus excitant et sensuel que celui que je connaissais. Noémie était jolie, toujours d’humeur égale, bien faite et bien plus émancipée que moi. Elle était mariée et avait une fille. Elle trompait son mari sans remords. Elle avait une philosophie personnelle, égoïste et masculine concernant les relations mari et femme. Elle tenait à sa famille et agissait en conséquence. Elle aimait prendre son pied et je l’écoutais comme si elle tombait d’une autre planète et en même temps, je l’enviais. Le sexe jusqu’ici me semblait insipide et routinier. J’avais de fortes envies mais à force de frustration, je pensais que le problème venait de moi. J’avais écarté toute hypothèse qui pouvait incriminer mon mari. J’étais bel et bien une zombie malheureuse et mal dans sa peau.

Noémie me proposait de passer vers 16 h chez moi. Ce soir-là, mon mari et moi étions invités avec mes parents à la première du film Emmanuelle. Les journaux en parlaient avec délectation. Ce film suscitait des conflits avec la censure. Tout le monde en parlait. Il passait dans une salle aux Champs Elysées. Cela ne me faisait ni chaud ni froid. Je ne m’attendais à rien de particulier mais j’avais eu vent qu’il s’agissait d’un film érotique, que j’assimilais plus ou moins aux films pornographiques. Je m’en fichais. Je ne m’intéressais pas à la politique non plus et je ne lisais pas les journaux. En fait, je ne m’intéressais pas à grand-chose, l’ennui et la solitude faisaient partie de mon paysage. Fantasmer était le plus sûr moyen de me faire plaisir jusqu’ici.

La veille, j’avais dérobé de l’argent à mon mari. Je n’en gagnais plus et cela me manquait. Il jouait beaucoup au poker et avait souvent des liasses de billets plein les poches. Ça me faisait vibrer de voir autant d’argent. Je ne résistais pas à la tentation de lui en prendre. Il ne s’en apercevait jamais. Aujourd’hui, pour la soirée cinéma où le tout Paris mondain était invité, j’allais m’acheter une jolie robe sexy pour mettre mes atouts en valeur. Même si je ne m’aimais pas physiquement, quand je me maquillais et m’habillais pour sortir, j’avais l’impression de devenir une autre femme, une femme que j’appréciais enfin. C’était moi mais pas tout à fait. C’était une sensation étrange et très agréable. Je sortais d’un rôle pour devenir cette autre, une étrangère, une femme que je ne connaissais pas, mon «alter ego » en quelque sorte. Pour le moment, elle n’était qu’une apparence. J’avais envie de la rendre vivante, de ne plus être moi mais cette autre moi-même inconnue.

J’avais trouvé une jolie robe noire, avec de la dentelle entre la taille et la poitrine. On pouvait apercevoir ma peau en transparence. La robe était courte. Il faisait chaud, je pourrais me couvrir mes épaules d’un châle. J’optais pour des talons hauts noirs avec une bride autour des chevilles. J’aimais ce genre de vêtement qui me donnait l’impression d’être une vilaine fille, une de ces femmes qui transpirent le sexe. Les vêtements me permettaient d’apercevoir la sensualité que je m’efforçais de camoufler.  J’étais complexe, il fallait que je me déverrouille, il était temps. La porte sonnait. La femme de ménage était partie depuis un bon moment. J’ouvrais la porte à Noémie.

NOÉMIE

Noémie ressemblait à un ouragan de vitalité. Ses cheveux étaient savamment ébouriffés, mi-longs et d’un joli blond méché et naturel. Elle m’avait confié avoir une permanente pour ne pas avoir à se soucier de sa coiffure après ses batifolages. Son métier de coiffeuse à domicile lui permettait d’avoir un emploi du temps élastique où elle pouvait se libérer pour ses turpitudes amoureuses selon ses envies et au gré de ses rencontres. Tandis que nous nous installions près du lavabo dans la salle de bain, disposant son matériel, elle évoqua sa dernière rencontre : un homme marié, beau gosse, la quarantaine qui baisait comme un dieu. Elle prenait son pied avec lui. Elle allait même s’arranger pour l’été afin qu’il vienne la rejoindre sur son lieu de vacances et qu’ils puissent se voir. Noémie avait de jolis yeux bruns et un teint doré que sa couleur de cheveux rehaussait. Avant de m’asseoir devant le miroir pour mon brushing, je lui montrais ma nouvelle robe. Elle s’extasia, me regarda et me dit :

« Il est temps que tu passes à l’acte, tu ne peux pas continuer comme ça où tu vas mourir idiote. »

Je la regardais médusée et amusée, bien que gênée, lui demandais ce qu’elle voulait dire. Elle m’examina des pieds à la tête. Je portais un peignoir qui cachait une ravissante culotte couleur crème avec de la dentelle. Je raffolais de la lingerie. J’étais sans le savoir une fétichiste et me farder représentait pour moi le plaisir absolu. Mon père m’avait tannée avec ses vetos à propos du maquillage. Pouvoir me maquiller en toute quiétude, sonnait comme une revanche.

Le sexe, l’amour, et la passion me fascinaient. J’achetais en cachette des magazines comme Play Boy, suivant la fille qui était en couverture. Je parvenais ainsi à me projeter dans un autre corps qui ressemblait au mien. Je regardais les photos quand j’étais seule. Mon regard se fixait sur le sexe des femmes, leurs seins ainsi que sur leurs poses. Certaines photos m’excitaient. Cela me permettait de ressentir des sensations voluptueuses et de l’excitation. Mon désir de faire l’amour et de jouir s’éveillait. Je me soulageais. Mon corps s’éveillait à la vie, sans que je me sente coupable. Je ne pouvais pas me risquer à vivre mes fantasmes avec Lucas. Quand on couchait ensemble, il ne se passait jamais rien pour moi. Il ne me traitait pas comme une femme désirable et belle. J’étais seulement sa femme, pas une héroïne de film ou de roman. Le sexe entre nous, n’avait rien de sexy. Cela faisait partie d’un consensus rarement accompli. Ce que l’on nomme vulgairement « le devoir conjugal. »

Le maquillage, tel un camouflage, permettait à l’autre moi – la sensuelle, la femme érotique – de faire irruption dans un monde aseptisé et asexué, qui était jusque-là le mien. Noémie m’arracha à ma rêverie en tirant sur la ceinture de mon peignoir. J’étais quasi nue devant elle. Je fis un geste pour le refermer. Elle m’en empêcha et me dit :

« Tu es une superbe femme. Tu ne t’en rends même pas compte. Il est temps que tu te dévergondes sexuellement ».

Je me suis sentie rougir et j’ai commencé à bafouiller. Puis, je resserrais la ceinture de mon peignoir. Noémie me fit signe de m’asseoir devant le miroir. Avant qu’elle ne commence le séchage de mes cheveux, je coupais le silence qui s’était établi entre nous et j’osais demander avec une petite voix :

─ « C’est quoi passer à l’acte ?

Fin de la première partie.

Pour ne pas rater la suite inscrivez-vous à la Newsletter :

Indiquez votre adresse email et vous recevrez une notification à chacune de nos publications !







Danse instinctive par Matti King

Share

10734081_10152890834824485_5538152898171164491_nMatti King donne un cours de danse instinctive chez Joël Bui qui enseigne à Paris la méthode que Lee Strasberg enseigna à Factors Studio (Visiter le site de Joël Bui).

Matti a travaillé plusieurs années au Lee Strasberg Institute à New York en tant que comédienne. La danse instinctive est un travail sur le corps avec musique pour ressentir les rythmes au travers du corps et utiliser l’imaginaire pour vivre des situations rêvées et autres au travers de musiques différentes. Le corps est l’instrument essentiel de l’acteur pour vivre réellement sans simuler, la joie, l’amour et toutes les sensations que le corps exprime dans le mouvement.
Matti travaille toujours régulièrement avec Joel Bui qui enseigne la méthode de l’Actor’s Studio à Paris.

Un danseur, un musicien, un chanteur doivent travailler sans cesse pour entretenir leur potentiel artistique. Les acteurs oublient parfois l’importance du corps pour exprimer des palettes d’émotions non feintes et jouées.
La danse instinctive permet au corps de s’exprimer. Le corps est un atout précieux pour les actrices et les acteurs.

11361_10152890845609485_1668863674003246981_n

10428599_10152890834479485_3807740547692120675_n

10447713_10152890822454485_959863684578902015_n

10678826_10152890833694485_8655542632011536159_n

10704000_10152890823379485_426603562182954818_n

10806458_10152890832124485_7627842338079355520_n