Hello Emmanuelle (partie 4)

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IMG_3146LE RENDEZ VOUS DU SOFITEL

J’appelais Noémie dès que Lucas quitta l’appartement le lendemain matin (sinon on se perd dans la chronologie). Le rendez-vous était prévu pour le jour même. Je fus prise de cours et j’eus un moment de panique. Noémie tenta de me rassurer et vérifia que j’étais toujours prête à accomplir cet acte. En fait, ça m’excitait terriblement et ce n’était pas facile de me l’avouer. J’étais le genre de femme à qui il n’arrive jamais rien, mais ce n’était qu’une apparence. Je pense que j’essayais de titiller mon destin de femme amoureuse. Noémie le savait. J’étais pleine de contradictions et ce n’était pas facile à gérer. Je devais retrouver Noémie vers 13 h au bar du Sofitel. A 14 h il était prévu que j’entre en action. J’hésitais à mettre ma nouvelle robe. Finalement j’enfilais un jean et un débardeur noir, décolleté et sexy. J’avais pris soin de mettre mes nouveaux dessous. Je retroussais le jean, ainsi je pouvais porter mes bottines. Mon collier de perle serait de la partie. Ces objets fétiches me permettaient d’entrer en contact avec ma partie « inhabituelle et érotique ». J’espérais ainsi me débarrasser de Robin « l’épouse immaculée » et me glisser dans la peau d’une femme émancipée et sensuelle. Ce rôle était sans doute plus proche de ma véritable personnalité. J’étais en train de rentrer dans un jeu d’érotisme chic. Emmanuelle m’avait fait découvrir, qu’il n’y avait pas que le style « pute » de Pigalle la nuit qui excitait les hommes. De plus, je n’avais pas 20 ans mais sexuellement parlant, j’étais loin de la maturité. Ce qui me sauvait c’était de l’ignorer. Je me jetais dans la gueule du loup, innocente malgré mes 43 balais. Mes cheveux étaient plus longs que ceux d’Emmanuelle, mais je parvins à les plaquer et à reproduire l’effet mouillé avec du gel. L’opération transformation était réussie. Le téléphone sonna. C’était Lucas qui me prévenait qu’il rentrerait tard. Auparavant, cela m’aurait contrariée, aujourd’hui cela m’arrangeait ; je serais tranquille chez moi pour me remettre de mon premier acte transgressif. J’avais pris soin de prendre mes lunettes de soleil au cas où je tomberais sur une connaissance. Je pris ma veste jean, le genre que portait Marilyn Monroe dans les westerns. Je partais trop tôt mais c’était pour repérer l’hôtel, parvenir à me garer et surtout je me sentais trop nerveuse pour rester chez moi.

J’arrivais à destination. Il n’était pas si tôt que ça à cause des embouteillages. J’étais loin de me sentir calme. Je mourais de faim. Je franchissais la porte de l’hôtel, mes lunettes noires sur le nez avec une démarche à la Marilyn Monroe. Cette façon de me mouvoir était innée sauf quand j’étais nue ou en maillot de bain. Dans ces moments-là, mon moi habituel faisait barrage et je ressemblais à un soldat en mission. Toute trace de sensualité s’envolait, j’étais sur mes gardes en tenue d’Eve, je me sentais «vulnérable». C’était incontournable.

Je croisais des hommes et des femmes élégants. La politesse à la réception était de mise. L’endroit respirait le luxe. Ça me plaisait, je commençais déjà à me sentir différente. J’avais une mission à accomplir. Est-ce que je saurais m’en acquitter ? J’arrivais au bar du Sofitel. Il y faisait sombre. Noémie m’attendait. Elle portait un pantalon écru en lin et un chemisier rose fuchsia qui tombait par-dessus le pantalon. Elle était jolie et j’étais contente de la retrouver. Elle était mon lien avec ma partie érotique, mon espoir de la faire vivre et de me donner la possibilité de vibrer un jour sous les caresses d’un homme. Quel délice ce serait. Noémie proposa que nous prenions une salade dans la salle à manger qui se trouvait dans un patio ombragé et délicieusement décoré. Un serveur nous amena à une table. Je commençais à me sentir nerveuse comme pour passer un examen. Je confiais mes craintes à Noémie. Elle me sourit et me fit comprendre que je pouvais me détendre, qu’il ne m’arriverait rien de grave. Il s’agissait seulement de retrouver un inconnu dans une chambre d’hôtel. « Rien que ça, » fis-je en pouffant d’un rire nerveux comme du temps où j’étais lycéenne. Je lui posais un tas de questions du genre :

─ « qu’est-ce que je vais faire quand je serai devant lui ? Et elle me répondait :

─  Tu vas déjeuner, boire un coup et je t’assure que tout va bien se passer.

─ Tu m’accompagneras jusqu’à la porte de la chambre ?

─ Bien sûr » me répondit Noémie d’un ton rassurant.

Je commandais une salade de chèvre-chaud avec des lardons. Noémie prit une salade américaine avec des morceaux de poulet et demanda un pichet de rosé tout de suite. C’était vraiment agréable, dommage que j’avais cette crampe au creux de l’estomac tant j’étais tendue. Nous avons terminé par un café. L’amour, le sexe et les hommes furent notre unique sujet de conversation. Noémie adorait les hommes et moi j’avais tendance à attirer les machos. Mes sentiments étaient très mitigés vis-à-vis d’eux. C’était un mélange d’attirance et de répulsion. J’amusais Noémie et je riais moi-même de ce que je disais. Le rosé faisait son effet. Je me sentais beaucoup mieux et plus détendue.

Noémie m’attendit le temps que j’aille aux toilettes me refaire une beauté. Je transpirais sous les aisselles malgré l’air conditionné. Je soulevais mes bras pour détecter une éventuelle mauvaise odeur. Je regrettais de ne pas avoir apporté de déodorant. J’avais un peu d’eau de toilette. Je m’aspergeais pour enlever toute odeur désagréable. Je retrouvais mon initiatrice et nous nous sommes dirigées vers l’ascenseur. En arrivant à l’étage, j’ai commencé à vivre un rêve éveillé. Ça ne pouvait pas être moi qui allais me mettre dans cette situation. Rentrer dans la peau d’une autre me permettrait d’être plus à l’aise. J‘ai su à ce moment-là que je devais changer de prénom pour cette mission très spéciale. Noémie connaissait le numéro de la chambre, elle avait tout bien orchestré. Je lui annonçais que je m’appelais Kelly pour cette opération imminente. Nous étions devant la porte au troisième étage du Sofitel, de mon futur amant de passage. Je n’avais plus peur, j’étais dans un état second. Ce n’était plus Robin mais Kelly. Noémie me lança :

─ « A toi de jouer Kelly, appelles moi plus tard. Tout ira bien, sois détendue et jouis de l’instant présent. Ce n’est que le début de ton émancipation. »

Je frappais à la porte tandis qu’elle avait déjà disparu. Je me retrouvais seule dans une situation incroyable. Ciel, comment en étais-je arrivée là ? Une voix d’homme me dit d’entrer.