Hello Emmanuelle (partie 6)

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J’étais d’accord. L’aventure continuait, c’était ce que je voulais. Enfin, je pourrais vivre les aventures de mon double érotique. Kelly en avait plus qu’assez de mon ignorance en matière sexuelle. Elle considérait cela comme un gâchis. Mon père m’avait cadenassé en me parlant sans cesse du sexe et des femmes. Pour lui, elles semblaient résumer la misère de l’homme. Beaucoup d’hommes étaient  peut-être comme lui ? Je me déshabillai puis entrepris de me regarder nue dans le miroir du salon. Je pouvais me voir entièrement. Ma réaction était toujours la même, fuir. C’était une catastrophe. J’avais réagi ainsi dès ma puberté quand mon corps avait commencé à prendre des rondeurs de femme. Il était nécessaire que je surmonte ce handicap avec l’aide de Kelly et de Noémie. Je savais que d’une façon ou d’une autre j’y parviendrais. Le lendemain, j’allais m’inscrire dans un club de fitness, mon corps et moi devions nous entendre pour mon évolution sexuelle.

Mon mari rentra vers minuit. Il prétexta un dîner d’affaire. Je m’en fichais. J’étais en train de sortir de sa vie. Je ne le savais pas encore moi-même. Il y a des étapes qui font qu’on ne peut plus revenir en arrière. Il me regardait à peine. Je m’interrogeais sur ce que je représentais pour cet homme avec qui je vivais depuis 19 ans. Nous n’avions pas une vraie relation de couple. Nous vivions sous le même toit, nous partagions une couche commune et quelques fois nous faisions l’amour mais nous ne communiquions pas. Nous n’avions pas d’intérêts communs sinon celui de satisfaire mon père qui avait trop peur de la liberté d’une femme, de celle de sa propre fille. Ma véritable liberté, mon corps en détenait la clé. C’était par mon corps, au travers de ma sexualité que je pourrais me découvrir plus intimement. Le sexe, l’amour n’étaient pas ce que je vivais au quotidien. Je n’étais qu’au début de mes aventures étonnantes pour une femme aussi coincée que Mme Ditchinsky. Je souriais, mon mari me demanda pourquoi. Je répondis que je n’en savais rien, d’un air énigmatique qui aurait dû lui mettre la puce à l’oreille ; il n’en fut rien. J’étais tranquille de ce côté-là, mais pour combien de temps ?

LE CLUB DE FITNESS

ET

LA PROCHAINE ÉTAPE A FRANCHIR EN TRAIN

J’avais pris la décision de trouver un club de sport dès aujourd’hui. Dans les publicités, l’un d’eux attira mon attention. Il était situé dans les Halles au métro Rambuteau. Je mangerais un sandwich dans un café. Je partis de chez moi vers midi. Noémie et moi avions rendez-vous à 18h30 toujours au même café de la Muette. Je garai ma voiture dans un parking. Je n’aimais pas trop les parkings souterrains, mais je ne trouvais de place nulle part. J’avais entendu dire que des femmes s’étaient fait agresser dans ce genre de lieux. Je n’en menais pas large. Quand j’entendais des pas derrière moi, je me dépêchais de sortir. De plus, les caves, les lieux fermés et sous terre étaient propices aux fantasmes morbides liés aux viols et aux meurtres. J’avais une imagination débordante et je raffolais des polars. Lorsque j’émergeai à la surface, je remarquai la différence avec le 16e arrondissement où j’habitais. On se serait cru sur une autre planète. Je n’allais jamais aux Halles. Il y avait des bandes de garçons un peu partout. Ils étaient en jean et t-shirt. Beaucoup d’entre eux avaient des chaînes autour du cou. Ils venaient des quatre coins du globe. Des noirs, des blancs, des métisses, des Arabes (majuscules aux précédents), je ne remarquais pas de Chinois. Certaines filles avaient des piercings, même sur le nez et les lèvres. Elles étaient vêtues pour la plupart en noir. Quelques-unes d’entre elles étaient mignonnes. Leur habillement détonnait par rapport au 16e. Ici, cela paraissait normal. J’étais surprise de voir un monde si différent de celui que je connaissais. Dans le 16é, le bon chic bon genre régnait. Les hommes étaient en costume ou en jean et veste, les femmes pour la plupart étaient vêtues de façon classique. Je repérai le club de Fitness. Je pénétrai dans les lieux. C’était assez chic pour le quartier. Les femmes à l’accueil étaient charmantes. Je demandai les prix puis les cours auxquels je pourrais accéder. Un jeune homme attira mon attention. Il me regardait. Il avait le crâne rasé et était un peu plus petit que moi. Je mesurais 1m68. Je le trouvais mignon malgré son allure de macho. Il tenait des CD dans sa main. L’une des femmes vit que je l’avais remarqué. Elle m’invita à aller regarder son cours. Elle me proposa même de prendre un cours d’essai gratuit. Pour aujourd’hui, ce n’était pas possible, je n’avais pas pensé à amener une tenue. Le prof continuait de me regarder et me sourit. Je ne sais pas si c’était parce que je faisais décalée dans ces lieux ou si c’était parce que je lui plaisais. Il me faisait craquer. Je le suivais, je lui souris aussi. Je savais que mon premier cours serait avec lui. Il m’avait donné envie de m’inscrire.

Je m’assis dans un coin de la salle. Elle était bondée. J’imagine que c’est parce que c’était l’heure du déjeuner. Il y avait des hommes et des femmes de tout âge. C’était rassurant. Je ne serais pas la plus vieille. Les tenues vestimentaires étaient variées. Peu de couleurs, surtout du blanc et du noir. Les filles jeunes, qui avaient visiblement l’habitude du sport, portaient des shorts courts et moulants avec des brassières qui faisaient office de soutien-gorge. Elles étaient bien foutues, et n’avaient ni bourrelets ni cellulite. Pour les autres, la tenue passe-partout dominait : leggings, pantalon ou bermuda long assortis aux débardeurs ou aux t-shirts. Le prof portait un bermuda noir et blanc sur lequel était imprimé « Boxe Thaï » en noir avec de grandes étoiles et un débardeur bien serré jaune, et vert à l’encolure qui mettait en valeur ses abdominaux parfaits. Ses bras étaient puissants et tatoués, tout comme ses jambes. Il avait le corps d’un sportif qui s’entraîne régulièrement. Son visage menu contrastait avec son apparence physique. Il avait de grands yeux noirs qui scrutaient comme un laser. Il était tout en muscles, et n’avait pas un gramme de graisse apparent. Dommage qu’il ne soit pas plus grand. J’assistai à deux cours, l’un d’abdos fessiers et l’autre pour les bras et le dos. La musique était très agréable, tantôt disco tantôt Soul et Blues. Puis vint le cours de Body Combat. J’étais obligée de m’en aller, je devais bientôt rejoindre Noémie. Ça avait l’air génial. C’était une chorégraphie sur plusieurs arts martiaux combinés. Les personnes plus âgées se sont éclipsées. Il régnait une atmosphère d’excitation, parfaitement illustrée en musique. Le prof me fit un petit signe quand je me levai pour partir, je fis de même. Je demandai à l’accueil son nom. Il s’appelait Dario. Je me renseignai aussitôt sur ses horaires. Il donnait des cours deux fois par semaine.

Je regagnais mon quartier et mes habitudes ainsi que Noémie qui m’attendait à la terrasse de café habituel. Il y avait beaucoup de monde. Il faisait chaud et beau. Les voitures défilaient sans arrêt. J’aimais ce temps où la douceur du printemps vous enveloppe. J’avais garé ma voiture au parking. Dario m’avait communiqué son magnétisme qui continuait à faire son effet sur moi. J’allais vers Noémie qui était toute vêtue de rose pâle. Ces couleurs lui seyaient à ravir. Elle portait un débardeur. Ses bras étaient dorés. J’étais heureuse de la voir. Je lui souris. Elle me dévisageait pour me déchiffrer. Je lui souris de plus belle. Elle semblait curieuse de savoir pourquoi je resplendissais autant. Des hommes se retournaient sur mon passage. Je dégageais quelque chose de sensuel, je le sentais. Kelly était présente. Dario me plaisait. Je me demandais pourquoi. Il n’était pas mon genre et de plus il était trop jeune. Il était évident que quelque chose s’était passé entre ce jeune homme et moi. Il m’avait fait sentir son désir et j’y avais été sensible. Son regard était son atout séduction et cela compensait sa petite taille. J’étais encore sous une impression très agréable et inattendue. J’avais senti mon propre désir surgir malgré moi. J’avais un côté « bonne sœur » où le désir n’existe pas. Pourtant il pouvait être puissant, insidieux et insistant. J’essayais de le contrôler mais il était là, présent en moi, tapi dans l’obscurité. C’était une partie intime et secrète. Dario possédait un magnétisme animal qui touchait sans doute ma propre animalité qui jusqu’ici était endormie. J’étais toujours stupéfaite de ressentir autant de sensations délicieuses qui me troublaient. Comment avais-je pu ne pas en être consciente ? Mon corps était sensitif et intelligent. Il fallait que je commence à lui faire confiance. Un spécialiste de la remise en forme du corps pourrait être ma solution miracle. Décidément, cette journée m’avait fait du bien. Je m’assis à coté de Noémie. Je commandai un citron pressé pour me désaltérer, j’en avais besoin.

Je lui racontai ma journée en détail. La salle de sport m’avait plu grâce à Dario, qui avait su atteindre une partie de moi, généralement inerte et inactive. Il s’agissait de mes pulsions sexuelles que je m’interdisais. La clé pour m’en sortir était Kelly. Noémie m’écoutait, pensive. Puis elle dit :

─« Ce jeune homme est une excellente rencontre pour toi. Tu as besoin d’être bousculée. Tu as le droit de t’éclater sans culpabiliser, Robin.

J’ajoutais : Kelly, je suis aussi Kelly, celle qui détient la clé pour me libérer du passé, des injonctions paternelles moralisatrices, de mon éducation de bonne sœur et surtout pour ne pas devenir comme ma mère, une femme obéissante et sous le contrôle de son mari. »

Mes propos énergiques et sincères firent rirent Noémie. Ce fut contagieux, j’étais surprise par mon audace verbale. J’avais envie de savourer ces moments avant mon retour au régime marital. Nous avons trinqué au champagne.

« Tu sais, le regard de Dario me transperce. C’est comme si ses yeux parvenaient à voir au-delà de mon apparence physique. C’est troublant et terriblement excitant. »

Je restais songeuse en pensant à Dario et à ma future salle de sport. Je dis d’un ton sérieux :

─ « Je crois que s’il sait s’y prendre, je coucherai avec lui ».