L’INCONNU DU SOFITEL
ROBIN ET KELLY SON « ALTER EGO »
Je pénétrais dans la chambre. Il faisait sombre. Les rideaux étaient tirés. J’entendis de nouveau la voix de l’homme me dire doucement :
« Bonjour, mettez-vous à l’aise, je vous attendais. »
La voix était agréable et venait du lit qui était situé près de la fenêtre. Je ne parvenais pas à bien distinguer l’inconnu. Je voyais juste son visage tourné vers moi et ses yeux qui me détaillaient. Ses cheveux étaient bruns et bouclés. Je n’arrivais pas à répondre, aucun son ne sortait de ma bouche. J’étais quasiment en apnée. Il ne manquerait plus qu’il doive appeler les pompiers pour me réanimer. Ce serait le comble. Lucas découvrirait la vilaine fille que j’étais. Pour mon père ce serait le choc, pour ma mère moins. Elle savait que j’avais une partie de moi ainsi, malgré mes airs de Sainte Nitouche. Une bagarre naissait entre Kelly et moi. « Robin, ça suffit avec tes cogitations familiales et ta culpabilité. Casse-toi et laisse-moi apprendre pour une fois quelque chose de nouveau. Laisse la place à ton double érotique, à moi, Kelly celle qui peut te sauver de ton ignorance sexuelle sous tes airs de pimbêche snob. Je vais tenter de faire ce que je peux pour être à la hauteur. Dégage tu me gênes. » Sous cette injonction sans appel, je commençais à me déshabiller. Ma façon de faire n’était pas digne d’un strip-tease. Franchement, on aurait dit que j’étais en train de me désaper devant une copine. J’avais conscience d’être tout sauf sexy. C’était une catastrophe. Je parvenais à mieux distinguer les traits de l’homme tandis que je me déshabillais maladroitement. Il avait l’air de s’amuser. Il avait placé ses mains derrière la tête, toujours allongé sous les couvertures et semblait jouir du spectacle que j’offrais. Le pire fut quand je me suis assise sur une chaise pour enlever mes bottines. Je faillis les envoyer valdinguer sur le lit tant j’étais maladroite et énervée. L’homme me souriait et attendait la suite. Dans la pénombre, il semblait bel homme, la cinquantaine à peu près, le visage bronzé et buriné. Je me défaisais de mon jean. Voilà qui était fait. Heureusement qu’il faisait sombre dans la pièce. Kelly me talonnait mais je ne pouvais pas m’empêcher de contrôler et de cogiter. Kelly était une partie de moi en parfaite opposition à ma partie habituelle, à savoir la prude et fidèle Mme Ditchinsky. La déloger ne pourrait pas se faire d’un coup de baguette magique. J’enlevais mon soutien-gorge et plaçais mes bras en croix sur ma poitrine. C’était au-dessus de mes forces d’ôter ma culotte. Je ne parvenais pas à me débarrasser de ma gêne. L’inconnu tapota le lit à côté de lui pour que je m’approche. Cela ressemblait au geste qu’on faisait pour attirer un chien.« Kelly arrête de penser. T’es comme une montre tic-tac tic-tac. Bon sang t’attends quoi pour monter dans le lit. Il fait froid avec l’air conditionné. Quoique tu fasses tu vas passer à la casserole alors inutile de réfléchir, Miss intello ». Je grimpai dans le lit en grelottant de froid. Je claquais presque des dents. L’homme me fit une place et m’obligea par un geste savant et sensuel à me rapprocher de lui. C’était très agréable. Je sentais ses jambes s’enrouler autour des miennes. Ses bras me tenaient serrées contre lui. Il sentait bon. Je constatais qu’il avait des poils sur le torse. Il m’embrassa sur les lèvres et me força gentiment à les ouvrir, puis ses mains commencèrent à parcourir mon corps. C’était un effleurage qui me donnait des frissons de plaisir. Je n’avais plus froid du tout. J’aimais son toucher et ses baisers. Il retira ma culotte. Je me montrais coopérative. Je ne pensais plus, j’étais transportée ailleurs, surtout lorsqu’il toucha mon sexe qui à ma grande surprise était humide. Kelly me lança « alors poupée, ça va mieux. C’est bon ce qu’il te fait, ça change de Lucas… ». Je souris en écoutant mon double érotique qui ne voulait qu’une chose : s’éclater. Finalement Kelly était drôle et ne se prenait pas la tête, seulement elle manquait d’expérience puisque c’était moi la femme en chair et en os, celle que les gens voyaient. Je cachais bien cette coquine de Kelly que j’avais tort de si peu écouter. Elle ne supportait pas Lucas. Moi non plus mais que faire maintenant ? « Arrête de penser et continue de te faire plaisir. Ferme ta « tête frigo » et ouvre-toi à la dimension du sexe, de l’érotisme et de la sensualité » me murmurait Kelly avide de recevoir ces caresses comme les plantes attendent l’eau. Je fermais les yeux et me laissait faire par l’inconnu qui prenait possession de mon corps. « Hé, t’es comme une étoile de mer, tu ne bouges pas, tu ne fais rien et tu retiens même tes gémissements de satisfaction. Ne gâche pas mon plaisir et lâche-toi pour une fois dans ta vie. » Je me comportais comme une planche parce que je ne savais pas quoi faire. Je réussis à lâcher mes râles de plaisir. L’homme me tournait et me retournait comme une crêpe en douceur et d’une main de maître. Je mouillais de plaisir et je ne savais même pas le prénom de celui avec qui je baisais. C’était incroyable. L’homme était très excité par la situation et ma passivité ne semblait pas le déranger. Il me demandait à chaque fois ce que j’acceptais. Je refusai la sodomie. Il jouit sur mes seins. Je sentais son sperme chaud et humide sur ma poitrine. Je lui souriais. Il me demanda mon nom, je répondis Kelly. Il s’appelait Damien. On n’a pas vraiment parlé, il s’est levé pour prendre une douche. Je le regardais s’éloigner. Son corps était svelte, assez musclé et bronzé. Il avait beaucoup de charme et de doigté. Son sexe était plus gros que celui de Lucas. Ce n’était pas pour me déplaire. Je me suis levée un peu gauchement pour prendre ma douche à mon tour en me cachant derrière un oreiller. « La honte, ricanait Kelly, qu’est-ce que t’es en train de faire ? » Damien sourit en constatant ma maladresse induite par mon manque de confiance en mon corps. Je l’aimais habillé, pas nu. Après m’être lavée, je suis sortie de la salle de bain en peignoir, alors qu’il portait un jean avec une chemise blanche et une veste assortie au pantalon. Il était élégant, Noémie avait bon goût. Il m’a salué en me donnant un petit baiser et il n’a pas demandé à me revoir. Cet acte qui m’avait tant préoccupé faisait déjà partie du passé. Je l’avais fait. Kelly ajouta « nous l’avons fait « !
L’APRES SOFITEL ET MA VIE AU QUOTIDIEN
Je rentrais chez moi heureuse malgré le fiasco que je venais d’essuyer. Il n’y avait rien à dire : j’étais nulle au pieu comme on dit vulgairement. Il fallait que je trouve le moyen d’évoluer coté sexe. Je riais toute seule, je me sentais drôlement bien et non triste comme d’habitude. Alexia me regardait surprise, elle n’était pas habituée à me voir rire et en plus seule. Elle avait fini le ménage. C’était parfait, je pouvais appeler Noémie. Alexia continuait de m’observer avec insistance tandis qu’elle se préparait à partir. Je lui lançais :
« A demain, bonne fin de journée ! » pour la booster et qu’elle cesse de m’espionner. Elle assurait le ménage et la préparation des repas, elle était bien mais trop fouineuse à mon égard. A sa décharge, il faut avouer que mes comportements pouvaient intriguer. Elle ignorait que sa patronne avait un double. Dès que la porte d’entrée claqua, je me ruais sur le téléphone. Il était un peu plus de 18 h, j’étais tranquille, Lucas rentrerait tard. Mon mari vivait sa vie comme il l’entendait tout en sauvegardant une façade d’homme marié, heureux dans son couple. Après l’amour, je n’avais aucune envie de rire comme ce fut le cas avec Damien. Noémie attendait mon appel pour que je lui raconte les détails croustillants de mon après-midi au Sofitel. Je n’omis rien et je lui avouai combien ma nudité représentait un problème pour moi. Il y eut un silence au bout du fil. Elle réfléchissait comment résoudre ce problème pour que je sois mieux avec mon corps. Une idée lui traversa l’esprit :
« Et si tu faisais du fitness dans une salle de sport ? »
Je trouvais que c’était une bonne idée. Ce serait une façon d’être en contact avec mon corps et de me sentir plus à l’aise peut-être. C’était une bonne conception de ma mise en vie, de m’habituer à ce physique qui était mien et pourtant étranger, au travers de mouvements et de musique. Je lui demandais si elle avait autre chose en tête pour continuer avec des actes qui m’obligeraient à me dépasser. Elle réfléchit puis me répondit :
« Oui, je pense avoir quelque chose d’intéressant pour toi. Cela pourrait accélérer ton niveau. Ça ne se passera pas à Paris. Il faudra que tu prennes le train ».
Je restais sans voix, scotchée par sa réponse.
« Trouve un centre de sport sympa déjà, on se voit demain dans la soirée si tu veux ».