Hello Emmanuelle (partie 09)

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LE CENTRE DE SPORT DANS LES HALLES

DARIO

HEP9Je me réveillais contente de savoir que J’avais deux heures trente de sport le soir même. Les cours commençaient à dix-huit heures. Je prévins mon mari que je serais de retour après vingt heures. Il ajustait sa cravate devant le miroir de la chambre. Il se retourna, surpris, vers le lit où je m’étirais paresseusement. Il était huit heures du matin. Lucas n’avait pas éteint la radio dans la salle de bain. Le son était désagréable et mauvais. Je lui fis un sourire charmant, en disant que j’allais me mettre au sport. J’avais quarante ans passés. Je devais veiller à ma forme physique. Il acquiesça et continua de finir son nœud de cravate. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait l’amour. Il devait être repu. Je l’examinais sans complaisance comme s’il avait été un étranger. Il était grand avec un bassin large. Curieusement, il avait des bras menus qui n’allaient pas avec le reste de son corps. Il commençait à avoir du ventre. Il jouait au tennis le week-end pour s’entretenir. Certains des maris de mes amies y allaient aussi. C’était à mon tour de m’entraîner. Il me fallait une tenue de sport. Je filais chez Go Sport et dénichais quelques survêtements mais c’était trop basique à mon goût. Je passais au Printemps pour avoir des débardeurs et d’autres survêtements plus tendance et plus sexy. J’étais en instance de séduction, il fallait me rendre craquante pour rivaliser avec toutes les jeunes filles et jeunes femmes. Je savais surtout que j’étais nulle dans un lit. Emmanuelle et sa séduction me hantaient ainsi que les dessous affriolants. Elle savait se laisser caresser par les hommes et paraissait vénérer ça. Je savais que je pouvais devenir comme elle mais j’avais besoin de pratique.  Mon mariage m’ankylosait et ne me mettait pas dans une humeur à batifoler et flirter. J’étais certaine que j’adorerais ça. Depuis le Sofitel, je n’avais pas pratiqué l’amour. Mon mari ne m’avait pas approchée depuis un moment. Je ne faisais rien pour attiser son désir. Je savais ce qui m’attendait. J’en avais assez de ce plat réchauffé. Les préliminaires, je ne connaissais pas ou si peu. Dix-neuf ans de mariage et je réalisais que j’avais si peu d’expériences sexuelles. Mieux valait tard que jamais. Le tout était de rencontrer les bons partenaires et de ne pas être trop sentimentale. Le sexe, la sensualité, l’érotisme étaient mes outils pour avancer dans cette jungle d’hommes et de femmes en quête de plaisirs et de découvertes.

J’arrivais au club de la rue Rambuteau avec mon collier fétiche autour du cou. Je le mettais à toutes les occasions. C’était tout juste si je ne dormais pas avec. Dans mon sac de sport, j’avais mis un short et un adorable débardeur rose pâle. Je garderais mon caleçon noir que je portais avec une robe bleu turquoise à fines bretelles. J’avais mes sempiternelles tongs aux pieds. Il faisait chaud. Je n’aurais pas osé montrer mes jambes nues. C’était au-dessus de mes forces. A quatorze ans, pour ne pas nager à la piscine avec les autres, je disais que j’étais indisposée alors que je crevais d’envie de me baigner avec elles. Je les regardais s’ébattre dans l’eau. Dommage que j’avais autant de problèmes à montrer ma chair. Je me déshabillais dans les vestiaires en camouflant mon corps. Je regardais des filles grosses, maigres, plus vieilles, jeunes et jolies se dévêtir, se rhabiller ou aller à la douche. Tout ce petit monde ne faisait pas autant de chichis que moi. A Genève, j’allais  peut-être apprendre à me décoincer.

La salle de gym était grande et pleine à craquer. Les filles prenaient un tapis, des haltères, et des caoutchoucs. Je faisais comme elles. J’évitais de me mettre devant. Je m’étais installée au fond de la salle pour travailler tranquillement à mon rythme. La couleur dominante était le noir. Les leggings et les débardeurs étaient la tenue la plus courante. Certaines portaient des shorts. Il y avait peu d’hommes. Dario arriva. Il mit la musique à fond et nous avons commencé à bouger en suivant ses mouvements qu’il exécutait face à nous. Il en profitait pour sourire à certaines filles. Les mouvements ressemblaient à de l’aérobic. L’ambiance musicale était rythmée et entraînante. C’était l’échauffement musculaire. Puis, il nous fit faire des abdos fessiers. C’était dur et fastidieux. Dario passait à côté des élèves pour vérifier si leurs mouvements étaient corrects. Quand il s’est arrêté près de moi, il m’a souri. Stupidement, j’ai rougi. Je me sentais intimidée. Il avait un regard noir, perçant et il m’avait troublée. Je pense que c’était réciproque. Un fluide passait entre nous. Il me corrigea, je fis une grimace de douleur. On a ri. Tous les cours se sont déroulés ainsi. J’avais une touche avec mon prof de sport. Des filles installées à l’avant de la salle, des habituées, me lançaient des coups d’œil furtifs et remplis de curiosité. J’imaginais ce qu’elles devaient se dire : «une vieille » qui plait au prof dans notre basse-cour. Le cours de Body Combat fut l’épreuve finale. Une heure de danse de différents Arts Martiaux me mit KO. Mon corps était perclus de douleur. J’avais du mal à marcher tant je m’étais donnée sans ménagement. Je fis un sourire ravageur à Dario qui me demanda si ses cours m’avaient plu. Mon sourire avait répondu à sa question. Je lui avouais que j’étais pleine de courbatures. Nous avons un peu parlé. J’ai su ainsi qu’il pratiquait le Kick Boxing. Je lui demandais s’il donnait des cours particuliers car la boxe m’intéressait. Il me répondit affirmativement. Je souhaitais travailler avec lui pour apprendre les rudiments de la boxe. Pour mes recherches concernant le sexe, ce n’était peut-être pas ce qu’il y avait de mieux à faire. Néanmoins, travailler avec un macho « serial lover » pourrait être intéressant. De plus, j’avais un grand besoin de me défouler. Nous avons échangé nos téléphones respectifs. Le body Combat avait révélé une partie guerrière en moi. C’était l’occasion de faire plus ample connaissance avec Dario. Il me plaisait, il me draguait et je le laissais faire. J’éprouvais une sensation physique troublante et forte à son contact. Ses yeux étaient une arme de séduction fatale. Son magnétisme sexuel excellait dans l’art de réveiller le mien qui somnolait encore. Je me sentais glisser sur une pente savonneuse. Kelly me poussait à faire des propositions. J’avais même le numéro de téléphone de mon prof. Je faisais des progrès. J’avais envie de coucher avec lui. C’était visiblement réciproque. Les cours particuliers allaient faire avancer les choses. J’avais besoin de faire les poches de Lucas. Dario pourrait venir chez moi, le jour où la femme de ménage avait congé. Mon mari ne passait jamais à la maison dans la journée. Nous serions tranquilles. Rien que d’y songer, je frémissais de plaisir et souris de satisfaction.

Il était 22 h lorsque j’arrivais chez moi. Lucas était affalé devant la TV et regardait un match de foot. Il leva à peine les yeux vers moi. Il me vivait comme une espèce de routine même avec mes changements d’horaires. Il ne soupçonnait rien. Je mangeais rapidement un morceau de roastbeef froid avec de la salade et plein de pain pour calmer ma faim. Je pris une douche bien chaude. Après le match, Lucas me demanda si les cours m’avaient plu. Je répondis positivement en baillant. Je pris deux aspirines pour calmer mes courbatures. Je m’endormis comme une masse en fantasmant sur Dario. J’ignorais posséder autant de vitalité et une libido aussi prompte à l’éveil.