Hello Emmanuelle (partie 13)

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LA RENCONTRE AVEC KYLE

Je rêvais à une autre vie, une vie d’où surgiraient brutalement, une suite d’événements, qui m’obligeraient à changer de cap. Les habitudes, mêmes mauvaises, sont difficiles à quitter. Changer de vie et de coutumes, c’était se mettre en danger et renoncer à une pseudo sécurité. La voix de Kelly me parvint en même temps que je réalisais que la voiture s’était immobilisée. « Eh, l’intello, c’est pas le moment de réfléchir sur ta vie. T’es en mission, ne l’oublie pas. T’endors pas sur tes lauriers ». Nous étions arrivés à destination. La voiture était garée devant un hôtel particulier. Je ne voyais plus le Rhône, je n’avais plus de repères. Tout cela me paraissait extraordinaire. Il me semblait que je ne verrais jamais Kyle, que ce n’était qu’un rêve. Il ne faisait pas tout à fait nuit, la lumière ambiante s’assombrit quand les nuages se bousculaient dans le ciel zébré d’éclairs. J’entendais le tonnerre qui grondait au loin. Il faisait lourd et chaud. J’enlevais mon imperméable. Le chauffeur s’occupa de mes bagages. Le porche de la maison était allumé. Il y avait de la verdure, des arbres et une petite pelouse. Le chauffeur me précisa qu’il y avait un joli jardin derrière la maison. J’étais surprise de l’entendre parler, il n’avait pas desserré les dents de tout le trajet. On aurait dit qu’il portait un masque tant les traits de son visage était durs et immobiles. Cela rendait l’atmosphère encore plus inquiétante. La porte s’ouvrit et j’aperçus Kyle. Il était assez grand et svelte. Il devait avoir la quarantaine, son crâne était rasé. Il ressemblait à Yul Brenner, un acteur dont j’avais vu des vieux films à la TV. Je le trouvais assez beau. Il ne ressemblait pas à ce que j’avais imaginé. Il était mieux. Je sentais qu’il pourrait me plaire. Il portait un costume noir qui lui seyait. Je me sentais intimidée et je pensais « je me sens comme une « pute »qui débarque. » Kelly me rétorqua aussi sec : « T’en es une pour le week-end.» L’homme vint à ma rencontre et m’embrassa galamment la main.

Hello Emmanuelle (partie 12)

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IMG_1946Nous avons échangé nos téléphones respectifs. Je lui dis que j’étais mariée et lui demandais de m’appeler dans la journée, jamais le soir. J’avais déjà deux numéros de téléphone ; celui de Dario et maintenant celui de Daniel. C’est ainsi que le contrôleur s’appelait. Au moment où, je franchissais la porte du local, il me toucha le bras. Je me retournais et je vis son regard brûlant. « Allez, laisses tes scrupules de côté et laisse-moi m’éclater. » suppliait Kelly. Je suis allée vers lui. On était à côté de la porte. Il a tendu le bras pour mettre le verrou. Je regardais ses yeux, j’avais envie qu’il me baise, envie de faire ce que je n’avais jamais osé faire. J’étais folle, c’était un inconnu, je prenais des risques insensés. La situation était irrésistible, je n’avais pas la force de m’opposer à mes pulsions déclenchées par le désir de cet homme. Emmanuelle  se superposait à moi et ça m’aidait à ne pas culpabiliser. « Culpabiliser ? Mais de quoi, aboya Kelly furieuse, t’es cocue à longueur d’années et t’as des scrupules à tromper ton mari qui n’en a rien à fiche de toi. T’es sa bobonne, point barre. Alors lâche-toi, je t’en prie. » La voix de Kelly et le film Emmanuelle eurent raison de ma retenue. Daniel commença à me lécher les oreilles et le cou. Sa respiration s’accélérait ainsi que la mienne. Il essayait d’enlever ma robe, je la retirais complètement, je faillis la déchirer dans mon affolement. Je me retrouvais à moitié nue en train de succomber au contrôleur du train dans un quasi cagibi. La nudité de mon corps ne me gênait pas, je n’y pensais pas tant j’étais réceptive aux mains du contrôleur qui me caressait avec une avidité non dissimulée. Je fondais, j’aimais ses chatteries auxquelles je m’abandonnais presqu’avec ivresse. Ce n’était plus moi, la femme contrôlée et raisonnable. La situation m’avait conduite au-delà de mes habitudes conjugales et frustrantes. Je pénétrais dans un no man’s land. Je ressentais des sensations nouvelles et terriblement troublantes. Il embrassait mes lèvres, sa langue se faisait pressante puis il fit sauter les agrafes de mon soutien-gorge et lécha mes seins. Je n’en pouvais plus tant j’étais excitée. Le summum fut atteint quand il enleva ma petite culotte. Mon excitation était à son comble.  Il me dirigea vers un tabouret d’où je faillis tomber à cause des mouvements du train. Il me retint de justesse et j’eus droit à un cunnilingus de rêve. Mourir sans avoir connu ça, serait dommage. Je me sentais soumise, un objet entre ses mains, comme Emmanuelle. Elle devenait ma référence. J’avais toujours mes bottines, mes bas stays-up et mon collier de perles. J’étais assise les cuisses écartées, sur un tabouret comme mon actrice fétiche sur un fauteuil en osier. Daniel sortit un préservatif de sa poche et le mit en hâte. Je m’allongeais par terre. Je l’exhortais à se dépêcher, j’avais envie de le sentir en moi. Lorsqu’il me pénétra, ma tête tournait tant la réjouissance était forte et inattendue. Je vivais un moment incroyable et inoubliable. J’étais dans une transgression totale. Je tentais le mieux possible d’étouffer mes gémissements pour que personne ne nous surprenne. On n’entendait que le bruit du train et nous étions chahuté par le roulis. Nos respirations s’entremêlaient et nos corps étaient trempés de sueur. D’un commun accord, il m’aspergea de son sperme sur mes seins. Je lui souriais, je me sentais bien et tellement mieux que tout à l’heure. Je retournais à ma place comme si de rien n’était. Je passais la frontière et j’avais dépassé mes limites habituelles. Kelly et Robin étaient tombées d’accord, unies pour le meilleur et pour le pire.

Hello Emmanuelle (partie 11)

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IMG_1953Je réalisais que je n’avais pas poinçonné mon billet en entendant l’annonce prévenant que le contrôleur du train allait passer. D’un bond, je me levais de mon siège, affolée et toute cramoisie d’émotion. S’il fallait que je paie mon billet pour fraude, j’étais mal. Mon mari apprendrait que j’étais partie à Genève. J’imaginais le pire des scénarios et un voyage gâché par mon manque d’attention. A ma décharge, j’avais peu l’habitude de prendre le train. Je courais dans les couloirs en zigzagant à cause du roulis du train, mon sac sur l’épaule et au bord de la crise de nerfs. Au loin, j’aperçus un uniforme et un képi. Je fonçais dans cette direction en me cognant aux gens que je croisais. Marcher normalement dans un train était impossible. J’arrivais presque en larmes près du contrôleur. J’entendis Kelly me murmurer « laisse-moi faire, t’alarmes pas bobonne, on a autre chose à faire que de saboter ce voyage. » Arrivée devant le contrôleur, j’étais à la fois Robin et Kelly. L’homme n’était pas grand ni spécialement beau mais il avait un satané regard. J’étais à moitié en pleurs, encore rouge de confusion et je transpirais d’anxiété. Je captais une lueur sexuelle chez lui. Ses yeux me pénétraient, il me détaillait des pieds à la tête. Kelly persévérait à me parler « Détend toi,  relaxe toi, souris et continue de te laisser transpercer par son regard. Sinon dégage et laisse-moi agir. Tu vas tout saborder si tu fais ta nunuche. Ce n’est pas si grave. Bon t’as commis involontairement une infraction, on va faire notre Mea Culpa. Allez Robin, du nerf. » Le contrôleur me dit :

─ « Que puis-je faire pour vous, Madame ? tandis qu’il lorgnait discrètement mon décolleté.

Il avait une voix agréable. Je lui tendis mon billet, l’objet du délit. Ma main tremblait, peut-être était-ce à cause du train qui bougeait ?

─ « J’ai oublié de poinçonner mon billet, », avouais-je avec une voix de petite fille qui a fait une grosse bêtise. Il sourit devant ma confusion. Il semblait même apprécier cette situation. Kelly s’en mêla, « il a l’air d’aimer les paumées. Continue, t’es sur la bonne voie. Je crois que le billet va servir pour autre chose. Tu lui plais. Allons dans cette direction. Il n’est pas mal du tout ce Monsieur. Il a quelque chose de sexy, de très séduisant. C’est un gros macho, il va te plaire Robin. Tu vas baiser dans le train comme Emmanuelle dans l’avion. Allez poupée, c’est chaud tout ça. » Je me mis à rire nerveusement à cause des propos de Kelly. Ma tension baissa ainsi que mon niveau de stress. Le contrôleur me prit le billet des mains en me disant d’une voix polie et avec un regard brûlant :

─ « Vous permettez ?»

Il donna un coup de poinçon au billet et me demanda si je voulais boire quelque chose pour me remettre. On était à côté du wagon restaurant. Il me proposa de l’attendre dans son local qui d’ordinaire était fermé au public. Il revint avec une mini flasque de cognac, me la tendit et je bus au goulot. Il m’observait amusé. Le breuvage était fort, je toussais, jusqu’aux larmes.

« Ça va mieux ? » S’enquit-il. Je hochais la tête en guise de réponse. Il continua :

─ « Vous restez longtemps à Genève ? » Sa question me surprit tant que ma toux cessa. Je m’éclaircis la voix et lui répondis que je rentrais dimanche. Il regarda l’heure de mon billet de retour puis ravi, il m’annonça que nous serions dans le même train. Il me demanda si on pouvait prendre un verre à Genève. Je bredouillais que c’était impossible. Il semblait très intéressé par ma personne. Il proposa de se voir à Paris. « Eh, la cruche, tu vas pas passer ton temps à jouer les pucelles. Le temps file et moi je n’aurais pas eu mon compte de sexe ». Kelly s’énervait, ça devenait drôle ce conflit où j’avais du mal à vivre mon côté « pute ». J’avais de plus en plus chaud, j’étais excitée par le regard du contrôleur. Il me déshabillait des yeux. J’avoue que j’adorais ça. Lui m’appréciait au moins, il n’était pas comme mon mari. Je ne pouvais pas lui dire que j’étais nulle au pieu et que je serais sans doute meilleure à mon retour de Genève. Je souriais en pensant à cela et lui répondit détendue :

─ « C’est d’accord pour prendre un verre sur Paris. »

Hello Emmanuelle (Partie 10)

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3DESTINATION  GENÈVE

Je reçus un coup de fil de Noémie en fin de matinée. Je lui avais confié que mon mari partait prochainement en déplacement pour son travail. Elle souhaitait connaître ses dates de départ et de retour car, l’homme de Genève avait hâte de me rencontrer. Je lui demandais pourquoi, tant j’étais niaise dans un lit. Noémie m’expliqua que cela l’enchantait de recevoir une femme mure et en même temps innocente concernant la sexualité. D’habitude, il préférait les très jeunes femmes sans expériences, pour les initier. Cela commençait à me plaire et en même temps, je devenais une Mata Hari en sortant de ma torpeur. Je me sentais un peu inquiète. Ma double vie se mettait en route. J’étais en train d’élargir la perception que j’avais de moi. Le film Emmanuelle avait révélé une part de ma personnalité. J’avais un coté trouble et ambigu. Je savais mentir quand c’était nécessaire. J’entreprenais la vaste opération de reprendre ma vie en mains. Mes parents, mon mari n’hésitaient pas à me raconter des salades. J’en ferais autant, tout en culpabilisant le moins possible. Il s’avérait difficile de sortir de mes habitudes et de ma passivité dus à mon éducation. Il était possible que je parte pour Genève le jour du départ de Lucas pour Bruxelles.  Il partait bizarrement un week-end pour un rendez-vous d’affaire. Je n’exigerais aucune explication pour éviter qu’il ne change d’avis et ne reste sur Paris jusqu’au lundi. C’était peu probable, mais je tenais à ne pas prendre le risque. J’appelais Lucas à son travail. Je prétextais que je voulais lui faire plaisir et savoir ce qu’il souhaiterait au menu du soir. C’était parfait, «sa bobonne » se révélait imparable. Puis, je glissais d’un ton neutre :

─ « Au fait, tu pars vendredi à quelle heure ? »

Il partait jeudi. Il s’embrouilla dans des explications pour se disculper de partir un jour plus tôt. Je restais zen et l’écoutais s’enliser. Pour se justifier autant, il ne devait pas avoir la conscience tranquille. Nous étions mardi. Je rappelais Noémie pour lui donner les dernières informations. Elle me rappela plus tard. J’avais un train à 16 h 30 pour Genève vendredi. J’avais à peu près trois heures trente de voyage. J’arriverai à l’heure du dîner. J’espérais que Lucas ne chercherait pas à me joindre. Il ne le faisait jamais d’ordinaire. La plupart du temps, je ne connaissais pas son point de chute. Il était marié et vivait comme un célibataire. Je n’étais pas réellement jalouse. Physiquement, je n’étais pas attachée à lui. Je ne l’avais jamais été avec aucun homme. Par précaution, j’annoncerais à mes parents et à Lucas que j’étais invitée à Deauville par une ancienne amie de classe avec qui j’étais restée en relation. Je préférais éviter qu’on ne se demande où j’étais, si je ne répondais pas au téléphone. Ainsi, je serais tout à mon week-end end, l’esprit tranquille pour libérer mon corps. Les hommes de ma famille étaient des machos, mon mari aussi. Les femmes étaient cantonnées à un rôle assez étriqué : « femme ou putain », ce qui ne laisse pas une grande part de manœuvre pour être une femme tout simplement, avec ses différentes facettes. En vérité, j’avais soif de revanche et de vengeance. J’étais satisfaite de tromper mon mari, il le méritait. C’est dans cet état d’esprit que je prenais le train à destination de Genève où j’avais rendez-vous avec un inconnu. Mon ambition aujourd’hui était de passer du côté des «putes » et des « maîtresses », celles qui plaisent tant aux hommes et qui les font bander. Ça m’excitait terriblement bien que j’avais du mal à me l’avouer. Robin et Kelly s’entendaient même si elles se disputaient. Ce n’était pas évident de laisser Kelly prendre autant de place dans mon existence. Sans Kelly, sans la séduction et le sexe, ma vie était fade et incolore. Je m’étiolais et me sentais vieillir de plus en plus, jour après jour. Ces expériences étaient jouissives même si je ne parvenais pas encore à l’orgasme. J’en avais plus qu’assez d’être une bobonne et une sorte de meuble qu’on n’époussette même plus. Le meuble changeait de place. Mon époux ne s’en apercevait pas. Je pensais que c’était une bonne chose que je n’ai pas d’enfants. Ma liberté d’agir aurait été restreinte. Je serais devenue « la mère ». Vivre la « pute » aurait été sans doute plus compliqué.

J’arrivais en avance à la gare de Lyon. Le train était à quai. Je m’installais en casant mon beauty case et ma valise à roulette à portée de main. Mon collier de perle et mes bottines étaient du voyage. J’avais mis ma nouvelle robe grège à pois rouge, légèrement décolletée. Elle ressemblait à celle d’Emmanuelle, souple, près du corps et fluide. Mes dessous étaient ravissants dans un coloris de beige assorti à la robe et avec de la dentelle. Je sentais bon le parfum Chanel N°5. J’avais enfilé un imperméable beige clair très classe. Le genre de vêtement sexy où il était possible de ne rien porter en dessous comme les vamps dans les vieux films américains. C’était un de mes fantasmes. J’avais vécu cette sensation quand j’étais jeune en promenant mon chien un soir. J’étais sortie nue sous mon imperméable. La sensation avait été troublante et voluptueuse surtout quand je croisais des gens qui ne se doutaient de rien. Aujourd’hui, il bruinait, il faisait chaud et cela me ramenait à d’agréables souvenirs érotiques oubliés.  La chaleur était en avance cette année. Le ciel était chargé de nuages, et je me sentais bien. L’ambiance était propice à l’érotisme.

POUR LE MEILLEUR ET POUR LE PIRE

Des personnes montaient dans le train et s’affairaient pour ranger leurs sacs et leurs bagages. J’étais gâtée, j’avais eu des billets de première classe. Les gens autour de moi étaient élégants, les hommes comme les femmes. C’était très agréable de savoir que quelqu’un payait pour m’avoir auprès de lui. Cela me fit sourire de contentement et en même temps, je me sentais anxieuse. A quoi ressemblait l’homme avec qui j’allais passer le week-end ? Il devait tenir un livre à la main pour que je le reconnaisse. C’était une œuvre du Marquis De Sade. Il y avait de quoi m’inquiéter mais j’avais confiance en Noémie. Elle m’avait encore rassurée au téléphone. Je l’avais appelée de la gare de Lyon en proie à des angoisses. Le train démarrait, l’aventure Genève commençait.

Hello Emmanuelle (partie 09)

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LE CENTRE DE SPORT DANS LES HALLES

DARIO

HEP9Je me réveillais contente de savoir que J’avais deux heures trente de sport le soir même. Les cours commençaient à dix-huit heures. Je prévins mon mari que je serais de retour après vingt heures. Il ajustait sa cravate devant le miroir de la chambre. Il se retourna, surpris, vers le lit où je m’étirais paresseusement. Il était huit heures du matin. Lucas n’avait pas éteint la radio dans la salle de bain. Le son était désagréable et mauvais. Je lui fis un sourire charmant, en disant que j’allais me mettre au sport. J’avais quarante ans passés. Je devais veiller à ma forme physique. Il acquiesça et continua de finir son nœud de cravate. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas fait l’amour. Il devait être repu. Je l’examinais sans complaisance comme s’il avait été un étranger. Il était grand avec un bassin large. Curieusement, il avait des bras menus qui n’allaient pas avec le reste de son corps. Il commençait à avoir du ventre. Il jouait au tennis le week-end pour s’entretenir. Certains des maris de mes amies y allaient aussi. C’était à mon tour de m’entraîner. Il me fallait une tenue de sport. Je filais chez Go Sport et dénichais quelques survêtements mais c’était trop basique à mon goût. Je passais au Printemps pour avoir des débardeurs et d’autres survêtements plus tendance et plus sexy. J’étais en instance de séduction, il fallait me rendre craquante pour rivaliser avec toutes les jeunes filles et jeunes femmes. Je savais surtout que j’étais nulle dans un lit. Emmanuelle et sa séduction me hantaient ainsi que les dessous affriolants. Elle savait se laisser caresser par les hommes et paraissait vénérer ça. Je savais que je pouvais devenir comme elle mais j’avais besoin de pratique.  Mon mariage m’ankylosait et ne me mettait pas dans une humeur à batifoler et flirter. J’étais certaine que j’adorerais ça. Depuis le Sofitel, je n’avais pas pratiqué l’amour. Mon mari ne m’avait pas approchée depuis un moment. Je ne faisais rien pour attiser son désir. Je savais ce qui m’attendait. J’en avais assez de ce plat réchauffé. Les préliminaires, je ne connaissais pas ou si peu. Dix-neuf ans de mariage et je réalisais que j’avais si peu d’expériences sexuelles. Mieux valait tard que jamais. Le tout était de rencontrer les bons partenaires et de ne pas être trop sentimentale. Le sexe, la sensualité, l’érotisme étaient mes outils pour avancer dans cette jungle d’hommes et de femmes en quête de plaisirs et de découvertes.

J’arrivais au club de la rue Rambuteau avec mon collier fétiche autour du cou. Je le mettais à toutes les occasions. C’était tout juste si je ne dormais pas avec. Dans mon sac de sport, j’avais mis un short et un adorable débardeur rose pâle. Je garderais mon caleçon noir que je portais avec une robe bleu turquoise à fines bretelles. J’avais mes sempiternelles tongs aux pieds. Il faisait chaud. Je n’aurais pas osé montrer mes jambes nues. C’était au-dessus de mes forces. A quatorze ans, pour ne pas nager à la piscine avec les autres, je disais que j’étais indisposée alors que je crevais d’envie de me baigner avec elles. Je les regardais s’ébattre dans l’eau. Dommage que j’avais autant de problèmes à montrer ma chair. Je me déshabillais dans les vestiaires en camouflant mon corps. Je regardais des filles grosses, maigres, plus vieilles, jeunes et jolies se dévêtir, se rhabiller ou aller à la douche. Tout ce petit monde ne faisait pas autant de chichis que moi. A Genève, j’allais  peut-être apprendre à me décoincer.

La salle de gym était grande et pleine à craquer. Les filles prenaient un tapis, des haltères, et des caoutchoucs. Je faisais comme elles. J’évitais de me mettre devant. Je m’étais installée au fond de la salle pour travailler tranquillement à mon rythme. La couleur dominante était le noir. Les leggings et les débardeurs étaient la tenue la plus courante. Certaines portaient des shorts. Il y avait peu d’hommes. Dario arriva. Il mit la musique à fond et nous avons commencé à bouger en suivant ses mouvements qu’il exécutait face à nous. Il en profitait pour sourire à certaines filles. Les mouvements ressemblaient à de l’aérobic. L’ambiance musicale était rythmée et entraînante. C’était l’échauffement musculaire. Puis, il nous fit faire des abdos fessiers. C’était dur et fastidieux. Dario passait à côté des élèves pour vérifier si leurs mouvements étaient corrects. Quand il s’est arrêté près de moi, il m’a souri. Stupidement, j’ai rougi. Je me sentais intimidée. Il avait un regard noir, perçant et il m’avait troublée. Je pense que c’était réciproque. Un fluide passait entre nous. Il me corrigea, je fis une grimace de douleur. On a ri. Tous les cours se sont déroulés ainsi. J’avais une touche avec mon prof de sport. Des filles installées à l’avant de la salle, des habituées, me lançaient des coups d’œil furtifs et remplis de curiosité. J’imaginais ce qu’elles devaient se dire : «une vieille » qui plait au prof dans notre basse-cour. Le cours de Body Combat fut l’épreuve finale. Une heure de danse de différents Arts Martiaux me mit KO. Mon corps était perclus de douleur. J’avais du mal à marcher tant je m’étais donnée sans ménagement. Je fis un sourire ravageur à Dario qui me demanda si ses cours m’avaient plu. Mon sourire avait répondu à sa question. Je lui avouais que j’étais pleine de courbatures. Nous avons un peu parlé. J’ai su ainsi qu’il pratiquait le Kick Boxing. Je lui demandais s’il donnait des cours particuliers car la boxe m’intéressait. Il me répondit affirmativement. Je souhaitais travailler avec lui pour apprendre les rudiments de la boxe. Pour mes recherches concernant le sexe, ce n’était peut-être pas ce qu’il y avait de mieux à faire. Néanmoins, travailler avec un macho « serial lover » pourrait être intéressant. De plus, j’avais un grand besoin de me défouler. Nous avons échangé nos téléphones respectifs. Le body Combat avait révélé une partie guerrière en moi. C’était l’occasion de faire plus ample connaissance avec Dario. Il me plaisait, il me draguait et je le laissais faire. J’éprouvais une sensation physique troublante et forte à son contact. Ses yeux étaient une arme de séduction fatale. Son magnétisme sexuel excellait dans l’art de réveiller le mien qui somnolait encore. Je me sentais glisser sur une pente savonneuse. Kelly me poussait à faire des propositions. J’avais même le numéro de téléphone de mon prof. Je faisais des progrès. J’avais envie de coucher avec lui. C’était visiblement réciproque. Les cours particuliers allaient faire avancer les choses. J’avais besoin de faire les poches de Lucas. Dario pourrait venir chez moi, le jour où la femme de ménage avait congé. Mon mari ne passait jamais à la maison dans la journée. Nous serions tranquilles. Rien que d’y songer, je frémissais de plaisir et souris de satisfaction.

Il était 22 h lorsque j’arrivais chez moi. Lucas était affalé devant la TV et regardait un match de foot. Il leva à peine les yeux vers moi. Il me vivait comme une espèce de routine même avec mes changements d’horaires. Il ne soupçonnait rien. Je mangeais rapidement un morceau de roastbeef froid avec de la salade et plein de pain pour calmer ma faim. Je pris une douche bien chaude. Après le match, Lucas me demanda si les cours m’avaient plu. Je répondis positivement en baillant. Je pris deux aspirines pour calmer mes courbatures. Je m’endormis comme une masse en fantasmant sur Dario. J’ignorais posséder autant de vitalité et une libido aussi prompte à l’éveil.

Hello Emmanuelle (partie 08)

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IMG_3177LUCAS

LA VÉRITÉ, CELLE DE L’APPARENCE

Avec Lucas, c’était mortel. Je ne voulais pas d’émotions, de disputes, de jalousie, ni me sentir délaissée ni abandonnée. Pour cela, il fallait ne pas aimer. L’amour adulte m’avait déplu à cause de mes parents qui se disputaient sans arrêt. Je ne savais pas pourquoi et c’était insupportable. J’étais impuissante à les arrêter. Ils méritaient d’être culpabilisés. Les parents devraient montrer le bon exemple.

J’étais rentrée chez moi à contre cœur. Je réalisais que j’avais envie d’émotions, de sexe, de sentiments quels qu’ils soient. Tout au fond de moi, je hurlais mon désespoir. Je devais poursuivre mes expériences même si je devais en souffrir. Pour moi, expérimenter l’état amoureux, c’était se risquer à éprouver de la peine, mais aussi, pourquoi pas, des joies. J’avais pris ma douche. Lucas venait d’entrer. Je n’avais pas pensé à vérifier si Alexia avait préparé quelque chose pour le dîner. J’ouvrais le frigo et découvris du carpaccio, de la vinaigrette pour la salade et une magnifique laitue prête à être dégustée. Comme j’étais reconnaissante à Alexia d’avoir prévu ce repas. J’étais affamée. Lucas avait comme d’habitude, la mine renfrognée comme s’il venait de perdre un être cher. C’était réellement mortel d’être mariée avec lui. Mais devenir amoureuse pouvait se révéler mortel aussi. Comme Hamlet, je me posais la question d’« être ou ne pas être, vivre ou ne pas vivre ? » Je m’asseyais à table en face de mon mari. Je me goinfrais, Lucas me jetait des coups d’œil désapprobateurs. Je crois que je le provoquais. Il était guindé, obséquieux principalement avec les personnes fortunées et haut placées. Cela m’avait toujours exaspérée. Il ignorait que j’avais décidé de prendre le risque d’être vivante. Je lui fis un sourire gras avec le carpaccio, l’huile d’olive et la salade verte plein la bouche et les dents. De toute évidence, quoi que je fasse, je n’avais aucun pouvoir de séduction sur lui et pire, j’agissais comme une sale gosse. Je crois qu’il me voyait ainsi et non comme une femme. Je le regardais le nez dans son assiette, l’esprit ailleurs, c’était désespérant de vivre ainsi. Il me servit du rosé. Je commençais à me sentir mieux. Il était de plus en plus pincé. Sa bouche mince ressemblait à une fente. Son obsession de la discipline et des bonnes manières me semblait incompatible avec celle que j’étais.  Comment j’allais faire à Genève si je devais obéir au deuxième inconnu ? Voilà que, dans mon imaginaire, j’étais déjà dans le train pour Genève. Si Lucas savait. C’était jouissif de réaliser que j’étais aussi libre que lui. Il pouvait coucher avec des inconnues mais ce n’était pas envisageable pour sa femme. Je n’étais en réalité qu’une projection de la femme qu’il souhaitait, sans appétit sexuel mais avec un insatiable appétit à table. Je pense qu’il me voyait comme une femme-enfant mais dans le sens péjoratif. En aucun cas, une Lolita. Je m’interrogeais si lui aussi avait un double ? Peut-être que je pourrais l’aimer ? Nous vivions chacun avec nos doubles, celui de l’apparence. C’était un drôle de mariage, sans doute que je n’étais pas la seule femme qui vivait une double vie au sein de son foyer. C’était un sujet qu’on pouvait difficilement aborder. Je ne pouvais pas demander aux femmes des amis de mon mari si elles avaient une double vie. Certaines d’entre elles, fières de leur audace, me racontaient leurs frasques. Elles étaient passées à l’acte parce qu’elles en avaient par-dessus la tête d’être trompées. Elles en avaient tellement assez que les plus prudes d’entre elles s’étaient mises à enfin assumer d’avoir des relations extra-conjugales. Elles semblaient ravies et c’était une manière de se venger des trahisons de leurs époux. Elles appliquaient la formule « œil pour œil, et dent pour dent » en toute discrétion. Elles m’amusaient car je n’aurais jamais pensé qu’elles puissent franchir le pas de l’adultère. Une fois que c’était fait, plus rien ne les arrêtait. La culpabilité des premiers temps avait disparu.  Leurs rendez-vous étaient programmés suivant les matchs de foot, les heures de travail supplémentaires ou les parties de cartes. On savait que nos maris se couvraient les uns les autres. Ils avaient l’air si innocent, et pas particulièrement obsédés par le sexe. J’avais souhaité me vanter de l’expérience du Sofitel à mes copines. Noémie me l’avait déconseillé.

─ « Pourquoi ? Lui ai-je demandé.

─ Parce que, me répondit Noémie, on ne peut pas présager de l’avenir. Ce sont tes amies aujourd’hui mais demain elles peuvent passer dans le camp adverse. C’est dangereux de confier son jardin secret.

─ Mais toi, tu es au courant, lui répondis-je.

─ Il y a une différence entre tes amies et moi, me répliqua Noémie. Je ne connais pas ton mari et nous ne côtoyons pas des connaissances communes. C’est toute la différence. Demain tu peux tomber raide dingue d’un mec. Tu veux divorcer. On n’est jamais assez prudent. Tu fais comme tu veux, mais c’est bien que tu sois avisée. De plus les actes que tu fais sont plus risqués que des petites tromperies à la sauvette. Tu prends des risques de découvrir certaines choses de toi que tu ignores. La sexualité est une façon géniale d’apprendre à se connaître mais c’est aussi jouer avec le feu et tu n’es qu’au début de tes aventures. Si tu aimes cette route faite de sensations et d’imprévus, bienvenue à bord. »

Toutes les discussions que j’avais avec Noémie resurgissaient. Elle avait raison, il était préférable que je reste discrète. Elle avait également ajouté avec raison qu’elle serait dans de sales draps, elle aussi,  si mes actes étaient dénoncés. Les hommes que je rencontrais avaient été ses amants. Elle était mariée et agissait d’une manière réfléchie et non par vengeance comme mes amies. Elle aimait à la folie la séduction et le sexe mais souhaitait rester avec son conjoint. Il devait ignorer sa vie sexuelle annexe. Je jetais un œil en coin à Lucas tandis que je desservais la table et mettais la machine à laver la vaisselle en route. Il m’avait aidée à mettre les couverts et à apporter les plats, il estimait que sa tâche ménagère était accomplie. Il s’était lové dans le canapé du salon face à la TV. Il cherchait un programme à regarder. Il avait défait la boucle de la ceinture de son pantalon et retiré sa cravate. Il ne me regardait pas. Je ne le trouvais pas sexy, cela semblait réciproque. A l’extérieur, il agissait autrement, surtout avec les femmes. Ça m’agaçait, tant il se complaisait à tenter de les séduire. Il n’était pas discret. C’était vexant pour moi.  Avant le Sofitel, je ne me posais pas autant de questions. Je subissais mon mariage et l’attitude indifférente de mon mari comme si c’était normal. Je me demandais si je pourrais supporter de vivre ainsi encore longtemps. J’avais une TV devant mon lit. Mon mari me l’avait achetée pour pouvoir regarder ses émissions en paix. J’aurais aimé aussi avoir deux lits jumeaux. Je ne pouvais pas en parler à Lucas sans prendre le risque d’éveiller ses soupçons. Je m’endormis devant la TV.

 

Hello Emmanuelle (partie 07)

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IMG_3243Noémie éclata de rire en disant : « Vivement que ça se passe, ça ne te fera pas de mal ».

Nous avons ri à l’unisson en trinquant. Puis, Noémie me parla de son futur plan sexuel pour moi. Le champagne me montait agréablement à la tête, j’étais prête à entendre quel serait mon second acte à accomplir.

Je n’en croyais pas mes oreilles. J’allais prendre un train pour Genève et rejoindre un autre inconnu. Le voyage sera offert, le taxi aussi pour aller à la gare et pour le retour. Noémie me donnait la consigne de ne pas prendre trop de tenues vestimentaires car je n’en aurais pas besoin. Je voulais plus de détails. Il s’agissait d’une épreuve à passer pour surmonter le peu de sympathie que j’avais pour mon enveloppe charnelle, me précisa-t-elle. J’étais curieuse. Je souhaitais en savoir davantage mais Noémie me fit comprendre que ce serait une surprise. Il valait mieux que je ne sois pas préparée d’avance pour ce nouvel acte. Je la suppliai en vain d’être plus explicite. Rien n’y fit, elle ne céda pas. J’avais le choix de ne pas me rendre à Genève ou bien de m’y rendre mais en acceptant ses conditions. Elle me rassura en disant que je pourrais l’appeler à tout moment et aussi revenir à Paris plus vite que prévu. En clair, je n’étais ni piégée ni cloîtrée. Mais si j’accomplissais cet acte, il faudrait que je fasse ce que l’inconnu me demande. Je la regardais effarée. Noémie me dit :

« Ma biche, ne te fais pas de soucis, je connais l’homme que tu vas rencontrer si tu vas à Genève. Il ne t’a pas mangé, celui du Sofitel. Il t’a même fait du bien, tu me l’as avoué ».

J’étais franchement surprise et inquiète. Qu’est-ce que j’allais dire à Lucas ? Inconsciemment, il devenait ma planche de salut pour reculer sur ce coup-ci. Noémie répliqua :

─ « Débrouille-toi, ton mari sait s’arranger pour te mentir quand il te laisse. Fais comme lui. Sois cool ma biche, tu es une grande fille maintenant et Lucas n’est pas ton papa. »

Je ne pus m’empêcher de sourire à cette phrase. Mon mari mentait effrontément, me trompait et moi, j’étais en train de penser que j’allais le trahir. Noémie avait tapé dans le mille en parlant de Lucas. C’était réglé, j’allais partir pour Genève tous frais payés. Le côté « pute » me plaisait et cela me ravissait de sortir du rôle de l’épouse bobonne. Si Lucas savait qui j’étais, il ne pourrait pas y croire. Il me voyait toujours la même, une femme fidèle, tranquille mais pas assez obéissante à son goût. J’avais un coté révolté, insoumis qui surgissait de temps à autre. Lucas interprétait cela comme des caprices. Comme mes parents, il avait tenté de parfaire mon éducation sans succès. Il avait fini par abandonner. Il ne se méfiait pas de moi et pourtant il faut se méfier des apparences et de l’eau qui dort. Même moi, je m’étonnais et je n’en étais qu’à mes débuts. Nous nous sommes quittées, je me sentais bien. Noémie paraissait contente de l’évolution de mes aventures de libération.

Hello Emmanuelle (partie 6)

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J’étais d’accord. L’aventure continuait, c’était ce que je voulais. Enfin, je pourrais vivre les aventures de mon double érotique. Kelly en avait plus qu’assez de mon ignorance en matière sexuelle. Elle considérait cela comme un gâchis. Mon père m’avait cadenassé en me parlant sans cesse du sexe et des femmes. Pour lui, elles semblaient résumer la misère de l’homme. Beaucoup d’hommes étaient  peut-être comme lui ? Je me déshabillai puis entrepris de me regarder nue dans le miroir du salon. Je pouvais me voir entièrement. Ma réaction était toujours la même, fuir. C’était une catastrophe. J’avais réagi ainsi dès ma puberté quand mon corps avait commencé à prendre des rondeurs de femme. Il était nécessaire que je surmonte ce handicap avec l’aide de Kelly et de Noémie. Je savais que d’une façon ou d’une autre j’y parviendrais. Le lendemain, j’allais m’inscrire dans un club de fitness, mon corps et moi devions nous entendre pour mon évolution sexuelle.

Mon mari rentra vers minuit. Il prétexta un dîner d’affaire. Je m’en fichais. J’étais en train de sortir de sa vie. Je ne le savais pas encore moi-même. Il y a des étapes qui font qu’on ne peut plus revenir en arrière. Il me regardait à peine. Je m’interrogeais sur ce que je représentais pour cet homme avec qui je vivais depuis 19 ans. Nous n’avions pas une vraie relation de couple. Nous vivions sous le même toit, nous partagions une couche commune et quelques fois nous faisions l’amour mais nous ne communiquions pas. Nous n’avions pas d’intérêts communs sinon celui de satisfaire mon père qui avait trop peur de la liberté d’une femme, de celle de sa propre fille. Ma véritable liberté, mon corps en détenait la clé. C’était par mon corps, au travers de ma sexualité que je pourrais me découvrir plus intimement. Le sexe, l’amour n’étaient pas ce que je vivais au quotidien. Je n’étais qu’au début de mes aventures étonnantes pour une femme aussi coincée que Mme Ditchinsky. Je souriais, mon mari me demanda pourquoi. Je répondis que je n’en savais rien, d’un air énigmatique qui aurait dû lui mettre la puce à l’oreille ; il n’en fut rien. J’étais tranquille de ce côté-là, mais pour combien de temps ?

LE CLUB DE FITNESS

ET

LA PROCHAINE ÉTAPE A FRANCHIR EN TRAIN

J’avais pris la décision de trouver un club de sport dès aujourd’hui. Dans les publicités, l’un d’eux attira mon attention. Il était situé dans les Halles au métro Rambuteau. Je mangerais un sandwich dans un café. Je partis de chez moi vers midi. Noémie et moi avions rendez-vous à 18h30 toujours au même café de la Muette. Je garai ma voiture dans un parking. Je n’aimais pas trop les parkings souterrains, mais je ne trouvais de place nulle part. J’avais entendu dire que des femmes s’étaient fait agresser dans ce genre de lieux. Je n’en menais pas large. Quand j’entendais des pas derrière moi, je me dépêchais de sortir. De plus, les caves, les lieux fermés et sous terre étaient propices aux fantasmes morbides liés aux viols et aux meurtres. J’avais une imagination débordante et je raffolais des polars. Lorsque j’émergeai à la surface, je remarquai la différence avec le 16e arrondissement où j’habitais. On se serait cru sur une autre planète. Je n’allais jamais aux Halles. Il y avait des bandes de garçons un peu partout. Ils étaient en jean et t-shirt. Beaucoup d’entre eux avaient des chaînes autour du cou. Ils venaient des quatre coins du globe. Des noirs, des blancs, des métisses, des Arabes (majuscules aux précédents), je ne remarquais pas de Chinois. Certaines filles avaient des piercings, même sur le nez et les lèvres. Elles étaient vêtues pour la plupart en noir. Quelques-unes d’entre elles étaient mignonnes. Leur habillement détonnait par rapport au 16e. Ici, cela paraissait normal. J’étais surprise de voir un monde si différent de celui que je connaissais. Dans le 16é, le bon chic bon genre régnait. Les hommes étaient en costume ou en jean et veste, les femmes pour la plupart étaient vêtues de façon classique. Je repérai le club de Fitness. Je pénétrai dans les lieux. C’était assez chic pour le quartier. Les femmes à l’accueil étaient charmantes. Je demandai les prix puis les cours auxquels je pourrais accéder. Un jeune homme attira mon attention. Il me regardait. Il avait le crâne rasé et était un peu plus petit que moi. Je mesurais 1m68. Je le trouvais mignon malgré son allure de macho. Il tenait des CD dans sa main. L’une des femmes vit que je l’avais remarqué. Elle m’invita à aller regarder son cours. Elle me proposa même de prendre un cours d’essai gratuit. Pour aujourd’hui, ce n’était pas possible, je n’avais pas pensé à amener une tenue. Le prof continuait de me regarder et me sourit. Je ne sais pas si c’était parce que je faisais décalée dans ces lieux ou si c’était parce que je lui plaisais. Il me faisait craquer. Je le suivais, je lui souris aussi. Je savais que mon premier cours serait avec lui. Il m’avait donné envie de m’inscrire.

Je m’assis dans un coin de la salle. Elle était bondée. J’imagine que c’est parce que c’était l’heure du déjeuner. Il y avait des hommes et des femmes de tout âge. C’était rassurant. Je ne serais pas la plus vieille. Les tenues vestimentaires étaient variées. Peu de couleurs, surtout du blanc et du noir. Les filles jeunes, qui avaient visiblement l’habitude du sport, portaient des shorts courts et moulants avec des brassières qui faisaient office de soutien-gorge. Elles étaient bien foutues, et n’avaient ni bourrelets ni cellulite. Pour les autres, la tenue passe-partout dominait : leggings, pantalon ou bermuda long assortis aux débardeurs ou aux t-shirts. Le prof portait un bermuda noir et blanc sur lequel était imprimé « Boxe Thaï » en noir avec de grandes étoiles et un débardeur bien serré jaune, et vert à l’encolure qui mettait en valeur ses abdominaux parfaits. Ses bras étaient puissants et tatoués, tout comme ses jambes. Il avait le corps d’un sportif qui s’entraîne régulièrement. Son visage menu contrastait avec son apparence physique. Il avait de grands yeux noirs qui scrutaient comme un laser. Il était tout en muscles, et n’avait pas un gramme de graisse apparent. Dommage qu’il ne soit pas plus grand. J’assistai à deux cours, l’un d’abdos fessiers et l’autre pour les bras et le dos. La musique était très agréable, tantôt disco tantôt Soul et Blues. Puis vint le cours de Body Combat. J’étais obligée de m’en aller, je devais bientôt rejoindre Noémie. Ça avait l’air génial. C’était une chorégraphie sur plusieurs arts martiaux combinés. Les personnes plus âgées se sont éclipsées. Il régnait une atmosphère d’excitation, parfaitement illustrée en musique. Le prof me fit un petit signe quand je me levai pour partir, je fis de même. Je demandai à l’accueil son nom. Il s’appelait Dario. Je me renseignai aussitôt sur ses horaires. Il donnait des cours deux fois par semaine.

Je regagnais mon quartier et mes habitudes ainsi que Noémie qui m’attendait à la terrasse de café habituel. Il y avait beaucoup de monde. Il faisait chaud et beau. Les voitures défilaient sans arrêt. J’aimais ce temps où la douceur du printemps vous enveloppe. J’avais garé ma voiture au parking. Dario m’avait communiqué son magnétisme qui continuait à faire son effet sur moi. J’allais vers Noémie qui était toute vêtue de rose pâle. Ces couleurs lui seyaient à ravir. Elle portait un débardeur. Ses bras étaient dorés. J’étais heureuse de la voir. Je lui souris. Elle me dévisageait pour me déchiffrer. Je lui souris de plus belle. Elle semblait curieuse de savoir pourquoi je resplendissais autant. Des hommes se retournaient sur mon passage. Je dégageais quelque chose de sensuel, je le sentais. Kelly était présente. Dario me plaisait. Je me demandais pourquoi. Il n’était pas mon genre et de plus il était trop jeune. Il était évident que quelque chose s’était passé entre ce jeune homme et moi. Il m’avait fait sentir son désir et j’y avais été sensible. Son regard était son atout séduction et cela compensait sa petite taille. J’étais encore sous une impression très agréable et inattendue. J’avais senti mon propre désir surgir malgré moi. J’avais un côté « bonne sœur » où le désir n’existe pas. Pourtant il pouvait être puissant, insidieux et insistant. J’essayais de le contrôler mais il était là, présent en moi, tapi dans l’obscurité. C’était une partie intime et secrète. Dario possédait un magnétisme animal qui touchait sans doute ma propre animalité qui jusqu’ici était endormie. J’étais toujours stupéfaite de ressentir autant de sensations délicieuses qui me troublaient. Comment avais-je pu ne pas en être consciente ? Mon corps était sensitif et intelligent. Il fallait que je commence à lui faire confiance. Un spécialiste de la remise en forme du corps pourrait être ma solution miracle. Décidément, cette journée m’avait fait du bien. Je m’assis à coté de Noémie. Je commandai un citron pressé pour me désaltérer, j’en avais besoin.

Je lui racontai ma journée en détail. La salle de sport m’avait plu grâce à Dario, qui avait su atteindre une partie de moi, généralement inerte et inactive. Il s’agissait de mes pulsions sexuelles que je m’interdisais. La clé pour m’en sortir était Kelly. Noémie m’écoutait, pensive. Puis elle dit :

─« Ce jeune homme est une excellente rencontre pour toi. Tu as besoin d’être bousculée. Tu as le droit de t’éclater sans culpabiliser, Robin.

J’ajoutais : Kelly, je suis aussi Kelly, celle qui détient la clé pour me libérer du passé, des injonctions paternelles moralisatrices, de mon éducation de bonne sœur et surtout pour ne pas devenir comme ma mère, une femme obéissante et sous le contrôle de son mari. »

Mes propos énergiques et sincères firent rirent Noémie. Ce fut contagieux, j’étais surprise par mon audace verbale. J’avais envie de savourer ces moments avant mon retour au régime marital. Nous avons trinqué au champagne.

« Tu sais, le regard de Dario me transperce. C’est comme si ses yeux parvenaient à voir au-delà de mon apparence physique. C’est troublant et terriblement excitant. »

Je restais songeuse en pensant à Dario et à ma future salle de sport. Je dis d’un ton sérieux :

─ « Je crois que s’il sait s’y prendre, je coucherai avec lui ».

Hello Emmanuelle (partie 5)

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IMG_3231L’INCONNU DU SOFITEL

ROBIN ET KELLY SON  « ALTER EGO »

Je pénétrais dans la chambre. Il faisait sombre. Les rideaux étaient tirés. J’entendis de nouveau la voix de l’homme me dire doucement :

« Bonjour, mettez-vous à l’aise, je vous attendais. »

La voix était agréable et venait du lit qui était situé près de la fenêtre. Je ne parvenais pas à bien distinguer l’inconnu. Je voyais juste son visage tourné vers moi et ses yeux qui me détaillaient. Ses cheveux étaient bruns et bouclés. Je n’arrivais pas à répondre, aucun son ne sortait de ma bouche. J’étais quasiment en apnée. Il ne manquerait plus qu’il doive appeler les pompiers pour me réanimer. Ce serait le comble. Lucas découvrirait la vilaine fille que j’étais. Pour mon père ce serait le choc, pour ma mère moins. Elle savait que j’avais une partie de moi ainsi, malgré mes airs de Sainte Nitouche. Une bagarre naissait entre Kelly et moi. « Robin, ça suffit avec tes cogitations familiales et ta culpabilité. Casse-toi et laisse-moi apprendre pour une fois quelque chose de nouveau. Laisse la place à ton double érotique, à moi, Kelly celle qui peut te sauver de ton ignorance sexuelle sous tes airs de pimbêche snob. Je vais tenter de faire ce que je peux pour être à la hauteur. Dégage tu me gênes. » Sous cette injonction sans appel, je commençais à me déshabiller. Ma façon de faire n’était pas digne d’un strip-tease. Franchement, on aurait dit que j’étais en train de me désaper devant une copine. J’avais conscience d’être tout sauf sexy. C’était une catastrophe. Je parvenais à mieux distinguer les traits de l’homme tandis que je me déshabillais maladroitement. Il avait l’air de s’amuser. Il avait placé ses mains derrière la tête, toujours allongé sous les couvertures et semblait jouir du spectacle que j’offrais. Le pire fut quand je me suis assise sur une chaise pour enlever mes bottines. Je faillis les envoyer valdinguer sur le lit tant j’étais maladroite et énervée. L’homme me souriait et attendait la suite. Dans la pénombre, il semblait bel homme, la cinquantaine à peu près, le visage bronzé et buriné. Je me défaisais de mon jean. Voilà qui était fait. Heureusement qu’il faisait sombre dans la pièce. Kelly me talonnait mais je ne pouvais pas m’empêcher de contrôler et de cogiter. Kelly était une partie de moi en parfaite opposition à ma partie habituelle, à savoir la prude et fidèle Mme Ditchinsky. La déloger ne pourrait pas se faire d’un coup de baguette magique. J’enlevais mon soutien-gorge et plaçais mes bras en croix sur ma poitrine. C’était au-dessus de mes forces d’ôter ma culotte. Je ne parvenais pas à me débarrasser de ma gêne. L’inconnu tapota le lit à côté de lui pour que je m’approche. Cela ressemblait au geste qu’on faisait pour attirer un chien.«  Kelly arrête de penser. T’es comme une montre tic-tac tic-tac. Bon sang t’attends quoi pour monter dans le lit. Il fait froid avec l’air conditionné. Quoique tu fasses tu vas passer à la casserole alors inutile de réfléchir, Miss intello ». Je grimpai dans le lit en grelottant de froid. Je claquais presque des dents. L’homme me fit une place et m’obligea par un geste savant et sensuel à me rapprocher de lui. C’était très agréable. Je sentais ses jambes s’enrouler autour des miennes. Ses bras me tenaient serrées contre lui. Il sentait bon. Je constatais qu’il avait des poils sur le torse. Il m’embrassa sur les lèvres et me força gentiment à les ouvrir, puis ses mains commencèrent à parcourir mon corps. C’était un effleurage qui me donnait des frissons de plaisir. Je n’avais plus froid du tout. J’aimais son toucher et ses baisers. Il retira ma culotte. Je me montrais coopérative. Je ne pensais plus, j’étais transportée ailleurs, surtout lorsqu’il toucha mon sexe qui à ma grande surprise était humide. Kelly me lança « alors poupée, ça va mieux. C’est bon ce qu’il te fait, ça change de Lucas… ». Je souris en écoutant mon double érotique qui ne voulait qu’une chose : s’éclater. Finalement Kelly était drôle et ne se prenait pas la tête, seulement elle manquait d’expérience puisque c’était moi la femme en chair et en os, celle que les gens voyaient. Je cachais bien cette coquine de Kelly que j’avais tort de si peu écouter. Elle ne supportait pas Lucas. Moi non plus mais que faire maintenant ? « Arrête de penser et continue de te faire plaisir. Ferme ta « tête frigo » et ouvre-toi à la dimension du sexe, de l’érotisme et de la sensualité » me murmurait Kelly avide de recevoir ces caresses comme les plantes attendent l’eau. Je fermais les yeux et me laissait faire par l’inconnu qui prenait possession de mon corps. « Hé, t’es comme une étoile de mer, tu ne bouges pas, tu ne fais rien et tu retiens même tes gémissements de satisfaction. Ne gâche pas mon plaisir et lâche-toi pour une fois dans ta vie. » Je me comportais comme une planche parce que je ne savais pas quoi faire. Je réussis à lâcher mes râles de plaisir.  L’homme me tournait et me retournait comme une crêpe en douceur et d’une main de maître. Je mouillais de plaisir et je ne savais même pas le prénom de celui avec qui je baisais. C’était incroyable. L’homme était très excité par la situation et ma passivité ne semblait pas le déranger. Il me demandait à chaque fois ce que j’acceptais. Je refusai la sodomie. Il jouit sur mes seins. Je sentais son sperme chaud et humide sur ma poitrine. Je lui souriais. Il me demanda mon nom, je répondis Kelly. Il s’appelait Damien. On n’a pas vraiment parlé, il s’est levé pour prendre une douche. Je le regardais s’éloigner. Son corps était svelte, assez musclé et bronzé. Il avait beaucoup de charme et de doigté. Son sexe était plus gros que celui de Lucas. Ce n’était pas pour me déplaire. Je me suis levée un peu gauchement pour prendre ma douche à mon tour en me cachant derrière un oreiller. « La honte, ricanait Kelly, qu’est-ce que t’es en train de faire ? » Damien sourit en constatant ma maladresse induite par mon manque de confiance en mon corps. Je l’aimais habillé, pas nu. Après m’être lavée, je suis sortie de la salle de bain en peignoir, alors qu’il portait un jean avec une chemise blanche et une veste assortie au pantalon. Il était élégant, Noémie avait bon goût. Il m’a salué en me donnant un petit baiser et il n’a pas demandé à me revoir. Cet acte qui m’avait tant préoccupé faisait déjà partie du passé. Je l’avais fait. Kelly ajouta « nous l’avons fait « !

L’APRES SOFITEL ET MA VIE AU QUOTIDIEN

Je rentrais chez moi heureuse malgré le fiasco que je venais d’essuyer. Il n’y avait rien à dire : j’étais nulle au pieu comme on dit vulgairement. Il fallait que je trouve le moyen d’évoluer coté sexe. Je riais toute seule, je me sentais drôlement bien et non triste comme d’habitude. Alexia me regardait surprise, elle n’était pas habituée à me voir rire et en plus seule. Elle avait fini le ménage. C’était parfait, je pouvais appeler Noémie. Alexia continuait de m’observer avec insistance tandis qu’elle se préparait à partir. Je lui lançais :

« A demain, bonne fin de journée ! » pour la booster et qu’elle cesse de m’espionner. Elle assurait le ménage et la préparation des repas, elle était bien mais trop fouineuse à mon égard. A sa décharge, il faut avouer que mes comportements pouvaient intriguer. Elle ignorait que sa patronne avait un double. Dès que la porte d’entrée claqua, je me ruais sur le téléphone. Il était un peu plus de 18 h, j’étais tranquille, Lucas rentrerait tard. Mon mari vivait sa vie comme il l’entendait tout en sauvegardant une façade d’homme marié, heureux dans son couple. Après l’amour, je n’avais aucune envie de rire comme ce fut le cas avec Damien. Noémie attendait mon appel pour que je lui raconte les détails croustillants de mon après-midi au Sofitel. Je n’omis rien et je lui avouai combien ma nudité représentait un problème pour moi. Il y eut un silence au bout du fil. Elle réfléchissait comment résoudre ce problème pour que je sois mieux avec mon corps. Une idée lui traversa l’esprit :

« Et si tu faisais du fitness dans une salle de sport ? »

Je trouvais que c’était une bonne idée. Ce serait une façon d’être en contact avec mon corps et de me sentir plus à l’aise peut-être. C’était une bonne conception de ma mise en vie, de m’habituer à ce physique qui était mien et pourtant étranger, au travers de mouvements et de musique. Je lui demandais si elle avait autre chose en tête pour continuer avec des actes qui m’obligeraient à me dépasser. Elle réfléchit puis me répondit :

« Oui, je pense avoir quelque chose d’intéressant pour toi. Cela pourrait accélérer ton niveau. Ça ne se passera pas à Paris. Il faudra que tu prennes le train ».

Je restais sans voix, scotchée par sa réponse.

« Trouve un centre de sport sympa déjà, on se voit demain dans la soirée si tu veux ».

Hello Emmanuelle (partie 4)

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IMG_3146LE RENDEZ VOUS DU SOFITEL

J’appelais Noémie dès que Lucas quitta l’appartement le lendemain matin (sinon on se perd dans la chronologie). Le rendez-vous était prévu pour le jour même. Je fus prise de cours et j’eus un moment de panique. Noémie tenta de me rassurer et vérifia que j’étais toujours prête à accomplir cet acte. En fait, ça m’excitait terriblement et ce n’était pas facile de me l’avouer. J’étais le genre de femme à qui il n’arrive jamais rien, mais ce n’était qu’une apparence. Je pense que j’essayais de titiller mon destin de femme amoureuse. Noémie le savait. J’étais pleine de contradictions et ce n’était pas facile à gérer. Je devais retrouver Noémie vers 13 h au bar du Sofitel. A 14 h il était prévu que j’entre en action. J’hésitais à mettre ma nouvelle robe. Finalement j’enfilais un jean et un débardeur noir, décolleté et sexy. J’avais pris soin de mettre mes nouveaux dessous. Je retroussais le jean, ainsi je pouvais porter mes bottines. Mon collier de perle serait de la partie. Ces objets fétiches me permettaient d’entrer en contact avec ma partie « inhabituelle et érotique ». J’espérais ainsi me débarrasser de Robin « l’épouse immaculée » et me glisser dans la peau d’une femme émancipée et sensuelle. Ce rôle était sans doute plus proche de ma véritable personnalité. J’étais en train de rentrer dans un jeu d’érotisme chic. Emmanuelle m’avait fait découvrir, qu’il n’y avait pas que le style « pute » de Pigalle la nuit qui excitait les hommes. De plus, je n’avais pas 20 ans mais sexuellement parlant, j’étais loin de la maturité. Ce qui me sauvait c’était de l’ignorer. Je me jetais dans la gueule du loup, innocente malgré mes 43 balais. Mes cheveux étaient plus longs que ceux d’Emmanuelle, mais je parvins à les plaquer et à reproduire l’effet mouillé avec du gel. L’opération transformation était réussie. Le téléphone sonna. C’était Lucas qui me prévenait qu’il rentrerait tard. Auparavant, cela m’aurait contrariée, aujourd’hui cela m’arrangeait ; je serais tranquille chez moi pour me remettre de mon premier acte transgressif. J’avais pris soin de prendre mes lunettes de soleil au cas où je tomberais sur une connaissance. Je pris ma veste jean, le genre que portait Marilyn Monroe dans les westerns. Je partais trop tôt mais c’était pour repérer l’hôtel, parvenir à me garer et surtout je me sentais trop nerveuse pour rester chez moi.

J’arrivais à destination. Il n’était pas si tôt que ça à cause des embouteillages. J’étais loin de me sentir calme. Je mourais de faim. Je franchissais la porte de l’hôtel, mes lunettes noires sur le nez avec une démarche à la Marilyn Monroe. Cette façon de me mouvoir était innée sauf quand j’étais nue ou en maillot de bain. Dans ces moments-là, mon moi habituel faisait barrage et je ressemblais à un soldat en mission. Toute trace de sensualité s’envolait, j’étais sur mes gardes en tenue d’Eve, je me sentais «vulnérable». C’était incontournable.

Je croisais des hommes et des femmes élégants. La politesse à la réception était de mise. L’endroit respirait le luxe. Ça me plaisait, je commençais déjà à me sentir différente. J’avais une mission à accomplir. Est-ce que je saurais m’en acquitter ? J’arrivais au bar du Sofitel. Il y faisait sombre. Noémie m’attendait. Elle portait un pantalon écru en lin et un chemisier rose fuchsia qui tombait par-dessus le pantalon. Elle était jolie et j’étais contente de la retrouver. Elle était mon lien avec ma partie érotique, mon espoir de la faire vivre et de me donner la possibilité de vibrer un jour sous les caresses d’un homme. Quel délice ce serait. Noémie proposa que nous prenions une salade dans la salle à manger qui se trouvait dans un patio ombragé et délicieusement décoré. Un serveur nous amena à une table. Je commençais à me sentir nerveuse comme pour passer un examen. Je confiais mes craintes à Noémie. Elle me sourit et me fit comprendre que je pouvais me détendre, qu’il ne m’arriverait rien de grave. Il s’agissait seulement de retrouver un inconnu dans une chambre d’hôtel. « Rien que ça, » fis-je en pouffant d’un rire nerveux comme du temps où j’étais lycéenne. Je lui posais un tas de questions du genre :

─ « qu’est-ce que je vais faire quand je serai devant lui ? Et elle me répondait :

─  Tu vas déjeuner, boire un coup et je t’assure que tout va bien se passer.

─ Tu m’accompagneras jusqu’à la porte de la chambre ?

─ Bien sûr » me répondit Noémie d’un ton rassurant.

Je commandais une salade de chèvre-chaud avec des lardons. Noémie prit une salade américaine avec des morceaux de poulet et demanda un pichet de rosé tout de suite. C’était vraiment agréable, dommage que j’avais cette crampe au creux de l’estomac tant j’étais tendue. Nous avons terminé par un café. L’amour, le sexe et les hommes furent notre unique sujet de conversation. Noémie adorait les hommes et moi j’avais tendance à attirer les machos. Mes sentiments étaient très mitigés vis-à-vis d’eux. C’était un mélange d’attirance et de répulsion. J’amusais Noémie et je riais moi-même de ce que je disais. Le rosé faisait son effet. Je me sentais beaucoup mieux et plus détendue.

Noémie m’attendit le temps que j’aille aux toilettes me refaire une beauté. Je transpirais sous les aisselles malgré l’air conditionné. Je soulevais mes bras pour détecter une éventuelle mauvaise odeur. Je regrettais de ne pas avoir apporté de déodorant. J’avais un peu d’eau de toilette. Je m’aspergeais pour enlever toute odeur désagréable. Je retrouvais mon initiatrice et nous nous sommes dirigées vers l’ascenseur. En arrivant à l’étage, j’ai commencé à vivre un rêve éveillé. Ça ne pouvait pas être moi qui allais me mettre dans cette situation. Rentrer dans la peau d’une autre me permettrait d’être plus à l’aise. J‘ai su à ce moment-là que je devais changer de prénom pour cette mission très spéciale. Noémie connaissait le numéro de la chambre, elle avait tout bien orchestré. Je lui annonçais que je m’appelais Kelly pour cette opération imminente. Nous étions devant la porte au troisième étage du Sofitel, de mon futur amant de passage. Je n’avais plus peur, j’étais dans un état second. Ce n’était plus Robin mais Kelly. Noémie me lança :

─ « A toi de jouer Kelly, appelles moi plus tard. Tout ira bien, sois détendue et jouis de l’instant présent. Ce n’est que le début de ton émancipation. »

Je frappais à la porte tandis qu’elle avait déjà disparu. Je me retrouvais seule dans une situation incroyable. Ciel, comment en étais-je arrivée là ? Une voix d’homme me dit d’entrer.

 

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